Anniversaire en fanfare avec Tinguely100 à Bâle

Jean Tinguely devant Dernière Collaboration avec Yves Klein 1988 © Vera Isler

Alors que l‘artiste aurait fêté son centenaire cette année, l‘événement protéiforme Tinguely100 commémore son oeuvre et son héritage.

À l‘image de sa seconde épouse, Niki de Saint Phalle, auteure des fameuses Nanas, Jean Tinguely (1925-1991) a marqué son époque par sa fascination pour le mouvement. Signataire en 1960 de la déclaration des Nouveaux Réalistes prônant un « recyclage poétique du réel » aux côtés d‘Yves Klein, Daniel Spoerri et César, le Fribourgeois figure parmi les pionniers de l‘art cinétique. Loufoques, tonitruants ou poétiques, ses appareils innovants nourrissent la réflexion historique sur la relation entre l‘artiste et son oeuvre. Associant un feutre et une feuille de papier fixés sur un support mobile, la Méta-Matics n° 1 (1959) invite ainsi le spectateur à prendre part à une action artistique interactive visant à « créer avec fougue, fureur ou élégance », interrogeant le sens et la portée du geste créateur originel. 


Tandis que fleurissent les expositions à travers l‘Europe, le Musée Tinguely se fait l‘épicentre du jubilé. Outre l‘édition de l’univers tinguely dévoilant la richesse d‘un travail multiforme, l‘institution bâloise présente son incroyable collection qui s‘enrichit sans cesse avec, pour mot d’ordre, La roue = c’est tout (jusqu’en 2026). Le jour même de l‘anniversaire du plasticien, l’établissement organise, par ailleurs, une grande fête dans le cadre bucolique du Solitude-Park. En sus des traditionnels gâteaux et animations, l’inauguration de Scream Machines, installation imaginée par les touche-à-tout Rebecca Moss, adepte de l’absurde, et Augustin Rebetez, héritier de l‘art brut, à partir du Crocrodrome de Zig et Puce, s‘annonce comme le point d‘orgue des festivités. Sous ce pseudonyme emprunté au duo de héros du bédéiste Alain Saint-Ogan se présentait un collectif d‘artistes, parmi lesquels figurait Tinguely. Étrange édifice mi-navire, mi-caverne, mi-palais aux dimensions monumentales, le Crocrodrome fut dévoilé au public en 1977 pour l‘ouverture du Centre Pompidou, à Paris. Au rez-de-chaussée, le visiteur découvrait un flipper géant de Bernhard Luginbühl. Au niveau intermédiaire circulait un petit train fantôme semblable à ceux des fêtes foraines. Enfin, la plateforme supérieure supportait les moteurs et structures articulant l‘ensemble, notamment l‘impressionnante tête de dragon signée Niki de Saint Phalle. Ludique et ubuesque, l’instrument se destinait à la fois aux adultes et aux enfants, « l‘interversion des rôles » étant encouragée. Reprenant les codes du wagon scénique, le dispositif du duo anglo-suisse emmène les visiteurs dans un voyage de quelques minutes à travers un parcours artistique immersif. Il sera en fonction jusqu‘au 30 août, jour de la disparition du génial inventeur, refermant une parenthèse cristallisant l‘impact d‘une oeuvre inclassable sur une nouvelle génération d‘artistes. 


Au Solitude-Park (Bâle) jusqu‘au 30 août 
tinguely100.com  

> The Birthday Party se déroule jeudi 22 mai à partir de 18 heures au Solitude-Park devant le Musée Tinguely, avec un menu d’anniversaire et divers spectacles 

vous pourriez aussi aimer