24h de la vie des hommes

© Alex Grisward

En mettant en scène La Grâce du canadien McLennan, Jean-Marc Eder creuse une réflexion sur la possibilité du salut dans une société sans dieu. Six personnages croisent leurs destinées le temps d’une journée.

Il y a Hugues, Jared et Thomas. Lonnie, Edith et Paula. Trois hommes et trois femmes errant dans la grande ville, égarés à côté d’une vie qui n’a jamais été vraiment la leur. Ces six parcours vont se percuter. On croise la mort, le vide affectif et, partout, la violence, brutale ou sournoise. Pourtant, chacune de ces rencontres va porter en elle une chance de survie pour les uns et les autres, ici et maintenant. Écrite en 1996, la pièce de McLennan interroge ce qui sauve dans un monde où le divin est mis de côté. À quelle bouée s’accrocher lorsqu’on ne compte plus sur la grâce divine ? « Ce que raconte l’auteur, c’est qu’il se produit à chaque instant dans le monde des milliards de petites actions, de micro-événements qui montrent que les gens veillent les uns sur les autres, que la société a une capacité à se protéger elle-même. Ces six personnages ne sont pas des héros, mais des individus comme vous et moi, qui traversent une crise personnelle et ont dérapé. Ils se trouvent à un moment de bifurcation », explique Jean-Marc Eder.

Et lorsqu’ils se demandent qui va les sauver, c’est autrui qui surgit. Au milieu de l’individualisme de la mégalopole, la bienveillance et l’humanité subsistent. Sans prières ni apparitions, le miracle se produit. Hugues est prêt à se jeter à l’eau ; la présence d’une inconnue, Paula, le ramène au monde. Du moins, pour le moment. Car cette grâce est temporaire. Nul ne sait ce qu’il adviendra du lendemain. Mais pour l’heure, les destins rebondissent, insufflant le courage, l’affection, la vie, où le désespoir menaçait. Si McLennan ne livre pas de prêt à penser, mais lance des pistes comme autant de sens possibles à ces rencontres, la clef de son histoire réside bien dans l’ouverture aux autres. Là est le salut. Esthétiquement, La Grâce selon Jean-Marc Eder passe par la danse. Accompagné par la chorégraphe Michèle Rust, le metteur en scène alsacien a imaginé des instants dansés, entre les scènes, quelques minutes « d’un autre art pour exprimer plus fortement certaines choses, mais de façon abstraite, sans illustrer le propos ». De l’aube à l’aube, six êtres vont passer du jour à la nuit, du blanc au noir, de la rectitude à l’errance. Ils vont se perdre pour mieux s’apprendre et trouver leur propre voie pour accéder à la grâce : celle qui passe par l’élévation de l’âme, celle qui invite à trouver le salut en soi-même ou encore celle du rire et de la mise à distance.

 À Strasbourg, au TAPS Scala, du 17 au 22 mars www.taps.strasbourg.eu

À Munster, à l’Espace Saint-Grégoire, mardi 31 mars www.cc-vallee-munster.fr

À Saint-Louis, à La Coupole, jeudi 2 avril www.lacoupole.fr

À Haguenau, au Théâtre, mardi 14 avril www.relais-culturel-haguenau.com

À Colmar, à la Salle Europe, jeudi 23 avril www.colmar.fr
www.lemythedelataverne.fr

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