2014 en 2013

© Éric Meyer

Prenez une ville d’importance moyenne située dans une région en déclin industriel, implantez-y un équipement culturel majeur – un musée, au hasard – à l’architecture sexy et audacieuse. Laissez un peu infuser. Voilà la recette de ce qu’il est désormais convenu d’appeler “effet Bilbao”. Pour la cité basque, les retombées économiques générées par l’implantation du Guggenheim ont été pharaoniques et son image s’est vue métamorphosée. Metz, avec la première antenne décentralisée du Centre Pompidou (475 000 visiteurs en 2012) est en train de suivre le même chemin (Lens se dirige-t-il dans une même direction ? Wait and see…). Selon une étude coordonnée par le cabinet Kurt Salmon, toute la métropole lorraine a en effet bénéficié de cet afflux (hausse de la fréquentation de la cathédrale de 50%, augmentation du nombre des nuitées dans les hôtels, etc.) et en a profité pour s’offrir un lifting architectural.

Cas particulier dans l’Est de la France, Metz est néanmoins la preuve qu’il est possible, grâce à un levier culturel puissant, de générer des emplois et d’accroitre considérablement le rayonnement d’une ville. Il est évident qu’il est irréaliste d’installer des établissements aussi importants partout. Un autre moyen d’obtenir un effet similaire est de devenir Capitale européenne de la Culture (souvenons-nous de Lille 2004) : depuis l’échec de la candidature de Strasbourg pour 2013 – au profit de Marseille – on a le sentiment que la capitale alsacienne s’est transformée une “belle endormie”. De nombreux acteurs culturels, le plus souvent loin des micros et des caméras, ont la dent dure… Certains vantent le dynamisme de Mulhouse et louent la décision colmarienne d’agrandir Unterlinden. D’autres jettent des regards envieux vers Luxembourg et Bâle. Reste qu’avec ses institutions de premier plan (TNS, Maillon, OPS, Musées…), son budget conséquent dédié au secteur (avec près de 25% du total, la Ville est en pointe), ses forces vives bouillonnantes, il ne manque pas grand chose à Strasbourg pour retrouver son lustre. Un événement marquant, par exemple, puisque de nouvel opéra il n’y aura pas, crise oblige (une rénovation indispensable de 40 millions d’euros est néanmoins programmée). Ce serpent de mer prendra peut-être la forme d’un festival de musique – le plus vieux de France – revivifié après le départ annoncée de Harry Lapp. Qui sait…

Reste que nous sommes en 2013, c’est à dire déjà, pour les politiques qui préparent leur (ré)élection en 2014, l’année des municipales. La culture, trop souvent la grande absente du débat public, pourrait bien s’inviter en son cœur bien plus qu’aux présidentielles étant bien entendu qu’elle est, à la fois, vecteur d’emploi et génératrice d’image. Nous espérons simplement que, de Strasbourg à Nancy, en passant par Metz, Montbéliard et Mulhouse, personne ne l’oubliera.

 

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