This is (not) a love song

 

Artiste bisontin célèbre grâce à ses BOs pour les films de Christophe Honoré, Alex Beaupain écrit des chansons d’amour… rien que des chansons d’amour. Interview avant son concert dans le cadre de GéNéRiQ.

Ça vous fait plaisir d’apprendre que je n’ai aucune question à vous poser sur François Hollande [1. La version instrumental d’Au départ d’Alex Beaupain, un des “artistes préférés” du Président, a accompagné ses meetings, lors de la dernière campagne présidentielle] ?

C’est une bonne chose, effectivement, car j’ai beaucoup répondu au sujet de ce bon François Hollande. Quelles sont vos questions, alors ?

Après vous l’herbe ne repousse plus, si on en croit les paroles du morceau Après moi le déluge. Vous êtes une sorte d’Attila de la chanson française ?

C’est un peu comme si je disais : « Après moi, vous n’entendrez plus jamais rien d’aussi bien. » C’est faux, mais ça m’amuse. Il y a un peu d’ironie, de second degré, dans mon nouveau disque.

Ce dernier album[2. Après moi le déluge, édité par Universal] est celui qui vous ressemble le plus ?

Je me suis beaucoup impliqué dans la production de tous mes disques et encore plus dans celui-ci que j’ai coréalisé. Mes morceaux me ressemblent de plus en plus car je commence à comprendre qui je suis comme chanteur. Pour les arrangements, je ne voulais rien m’interdire par crainte de mauvais goût : le solo de clavier d’Après moi le déluge, qui pourrait venir d’une chanson des années 1980 des plus terrifiantes, les cordes disco de Pacotille, etc. Avant, sous prétexte de chic ou d’élégance, j’avais tendance à être davantage policé.

Avec ce disque, vous dites avoir cherché à creuser un tunnel sous la Manche afin de connecter la variété française et la pop anglaise… Cette connexion vous permet-elle de casser l’image dans laquelle vous étiez, de changer de registre ?

Je suis associé à Christophe Honoré, qui est identifié comme réalisateur de cinéma dit “d’auteur”. J’ai une image de chanteur intellectuel alors que mes chansons sont simples, populaires ! Pour l’album, mon idée de départ était de réunir mes musiciens et de recréer un son pop, influencé par les Smiths, Pulp ou Divine Comedy. Bien sûr, le résultat est éloigné de mes plans de départ, mais il m’est propre.

Il y a beaucoup d’eau dans vos morceaux. Vous avouez même perdre pieds sur Je coule. On a presque envie de vous lancer une bouée de sauvetage…

« Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville. » Le truc de la métaphore météorologique, ça vient des poètes du XIXe siècle. Ça marche bien avec la mélancolie… Mon truc à moi, c’est la pluie et l’averse : je suis né à Besançon, je suis un garçon de l’Est, même si j’ai perdu l’accent, c’est un tempérament profond. Je suis un chanteur liquide, d’ailleurs, les gens pleurent beaucoup à mes concerts.

Vous prétendez n’écrire que des chansons d’amour. Les dernières parlent cependant énormément de la fuite du temps qui semble vous obséder…

C’est le cas avec Ça m’amuse plus, par exemple, mais à la fin, il y a un resserrage sur une histoire d’amour qui se termine. Je considère que la chanson d’amour est mon élément naturel – en plus de l’eau (rires) – et que j’en fais constamment, en variant parfois les angles, les thématiques… Même un morceau “politique”, comme Au départ, sur mon précédent album, Pourquoi battait mon cœur, est une chanson d’amour !

Votre ami Christophe Honoré considère que votre génération, celle des gens nés dans les années 1970, est méprisée par ses ainés… Vous partagez son avis ?

Oui, c’est ce que je raconte dans En quarantaine. Nos parents sont plus cool que nous : ils ont fait la révolution et nous rabâchent les oreilles avec. Quoi qu’on fasse, on a l’impression de faire moins bien qu’eux. Les Baby boomers ne nous ont pas laissé beaucoup de place ! Mais attention, je ne tiens pas un discours anti-Mai 68 à la Zemmour : je suis un indécrottable bobo de gauche et je préfère ça qu’être un vieux con de droite.

À Épinal, à l’Auditorium de la Louvière, mardi 19 novembre, dans le cadre du festival GéNéRiQ

03 29 65 98 58 – www.scenes-vosges.com

 

À Schiltigheim, à la Salle des Fêtes, mercredi 20 novembre

03 88 83 84 85 – www.ville-schiltigheim.fr

La terre tremble

Séismes soniques en vue, partout dans le Grand-Est… Le rock vrombissant produit par Dan Auerbach de Hanni El Khatib (mardi 19 novembre à La Vapeur de Dijon) et la chanson gainsbourgienne et abimée de Bertrand Belin (samedi 23 à l’Espace Mendès France de Quetigny). La beauté bizarre de Christophe (vendredi 15 au Granit de Belfort) et la Tristesse Contemporaine (vendredi 22 au Nouma de Mulhouse et samedi 23 à La Rodia de Besançon) du groupe éponyme. Le ciné-concert de La Terre Tremble sur des épisodes de Tom & Jerry (du 19 au 21, à Dijon, Belfort et Besançon) et le rock raide et kraut d’ESB (du 21 au 24, à Besançon, Saint-Louis, Dijon et Montbéliard), nouveau projet de Yann Tiersen and friends… Avec GéNéRiQ, « festival des tumultes musicaux en ville », nous sommes au niveau 9 sur l’échelle de Richter.

Le festival GéNéRiQ, dans divers lieux, à Belfort, Dijon, Mulhouse, Besançon ou à Kingersheim, du 15 au 24 novembre

www.generiq-festival.com

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