Grand Est : cap au Sud !

© Pascal Bodez / Région Grand Est

Dans le cadre du Off du Festival d’Avignon, la Région Grand Est soutient 14 compagnies. Visite dans la cité des Papes à la découverte d’un dispositif essentiel.

Le Off d’Avignon est une véritable jungle. Quelque 1480 spectacles sont proposés aux festivaliers : du one woman show musical et burlesque à la tragédie grecque à la sauce contemporaine, du théâtre d’ombres pour touts petits à la chorégraphie avant-gardiste, c’est tout le kaléidoscope du spectacle vivant qui se déploie. Le spectateur doit avoir une sacrée boussole pour s’orienter, tandis que les acteurs culturels ont besoin de visibilité… et donc de soutien. Pour la deuxième année consécutive, les compagnies du Grand Est se rendent ensemble, sous l’égide de la Région, à cette grand-messe sous l’étendard “Un grand Zest de spectacles en Avignon”. Sélectionnées par un comité d’experts sur des critères d’exigence artistique, quatorze compagnies venues d’Alsace, de Champagne-Ardenne et de Lorraine (sur une cinquantaine de candidates) sont en effet soutenues par la Région Grand Est. On les retrouve dans plusieurs salles, dont La Caserne des pompiers qui accueille huit compagnies : véritable « totem pour la Région Grand Est, il s’agit d’un lieu très bien identifié », estime, Pascal Mangin, à la tête de la Commission Culture de la Région qui rappelle que l’aide régionale est certes financière (pour un montant de plus de 300 000 €), mais pas uniquement, puisqu’elle englobe par exemple, des éléments méthodologiques comme « un “coaching” avant le festival et un suivi au retour d’Avignon ». L’objectif ? Que le maximum de spectateurs vienne, mais également que les spectacles soient achetés par le plus de programmateurs possible puisque le Off est un immense marché.

Parmi les compagnies accompagnées, on a apprécié Les Méridiens qui proposent une mise en scène signée Laurent Crovella de L’Apprenti de Daniel Keene (Présence Pasteur, jusqu’au 28 juillet) : dans un dispositif circulaire, se déploie l’histoire d’un jeune garçon se cherchant un père de substitution. Un beau jour, Julien (Gaspard Liberelle, impeccable de tonicité et de précision) aborde Pascal (Xavier Boulanger, complexe à souhait), attablé à la table d’un café, faisant des mots croisés. Sa décision est prise : il sera ce père qu’il n’a jamais eu, car le sien est trop absent, lointain, décevant ou un peut tout cela en même temps ! Une relation se noue : au départ le jeune garçon semble un brin inquiétant évoquant curieusement un personnage de film de Michael Haneke, mais au fil des mois c’est une aventure humaine pleine de tendresse servie par une écriture minimaliste, mais acérée, qui s’offre au yeux des spectateurs placés au plus près des comédiens jouant parmi eux. Autre duo avignonnais, celui de la Compagnie Astrov avec Je t’écris mon amour d’Emmanuel Darley (La Caserne des Pompiers, jusqu’au 23 juillet) : un homme et une femme sont amis. Se croisent de loin en loin. Ont visiblement leur vie, leurs conjoints, leurs enfants, leurs emmerdes, mais ils sont laissés hors champ. Lui, c’est Jean de Pange, séducteur né avec une présence au plateau tout aussi innée. Elle, c’est Céline Bodis, bouleversante de vérité. Il s’écrivent sporadiquement sur un réseau social : leurs mots apparaissent projetés en fond de scène sur un écran figurant celui d’un Smartphone. Maladroits et banals au début, ils se font amoureux, torrides, brûlants, marquant le glissement progressif du désir de deux êtres qui communiquent dans une réalité virtuelle. Subtile réflexion sur le sentiment amoureux à l’ère d’Internet, la pièce s’achève par la rencontre in the real life des deux protagonistes. Que va-t-il se passer ?

Festival Off d’Avignon, jusqu’au 30 juillet

www.avignonleoff.com

www.grandest.fr

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