Un opéra en BD

Avec Le Crépuscule des Dieux, la pharaonique trilogie imaginée par Alex Alice (textes et dessins) trouve sa grandiose conclusion… quelque part entre Wagner, légendes nordiques, Tolkien et heroic fantasy.

Si l’on se plonge dans cette trilogie en bande dessinée (initiée en 2007) avec, à l’esprit, les sentiments complexes qui irriguent l’âme à l’écoute de la Tétralogie de Wagner, on risque d’être quelque peu… hum… décontenancés. Et pourtant, elle est une des sources de cette saga… et sans doute la plus importante. Dans un entretien avec Laurent Kloetzer, Alex Alice affirme en effet avoir été fasciné par Der Ring des Nibelungen vers neuf ou dix ans dans la « version Chéreau / Boulez ». Il y a pire comme premier contact (même si l’auteur avoue n’avoir « jamais dépassé La Walkyrie ») tant les deux complices ont révolutionné la perception qu’on pouvait avoir d’une des œuvres majeures de l’histoire de la musique. Ensuite, il a « découvert Le Seigneur des Anneaux. Alors, enfin, tout le monde promis des dieux, des nains et des épées brisées s’est ouvert à moi » explique-t-il. Le résultat ? Une BD en trois volumes qui se clôt ici de manière grandiose, un opéra graphique librement adapté de Wagner, où l’auteur du Troisième Testament laisse exploser la luxuriance de son trait et l’intelligence d’une construction graphique toujours rigoureuse… Pensons par exemple à l’utilisation abondante d’immenses aplats noirs où se détache la silhouette d’un personnage. La BD épouse en permanence la démesure wagnérienne (comme dans la planche 30 où toute la rage du dragon Fafnir se déploie sur une pleine page), mais n’est heureusement jamais dépourvue d’un salutaire humour. Le prochain défi d’Alex Alice ? Un film d’animation adapté de cette épopée… attendu avec impatience, même si aucune date de sortie n’a pour l’instant été planifiée.

Le Crépuscule des Dieux est paru chez Dargaud (15,95 € ; une édition de luxe est aussi disponible à 29 €)
www.dargaud.com

 

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