Sommets symphoniques

© Terry Linke

Trois concerts – deux à Luxembourg et un à Baden-Baden – permettront de découvrir les Wiener Philharmoniker, phalange qui est à la musique ce que Rolls-Royce est à la voiture, dans des programmes d’un classicisme de bon aloi.

On ne présente plus les Wiener Philharmoniker (Orchestre philharmonique de Vienne), une des trois plus grandes formations d’Europe avec, dans le désordre, Berlin et Amsterdam. Si la phalange n’a pas de directeur musical, elle entretient néanmoins un compagnonnage régulier avec certains chefs, comme Franz Welser-Möst. En 2013, le maestro autrichien dirigea, pour la deuxième fois, l’institution qu’est le Concert du Nouvel an diffusé en direct dans plus de 80 pays, signe de l’empathie existant entre le directeur musical de l’Opéra de Vienne (et du Cleveland Orchestra) et les musiciens. À Baden-Baden, il proposera un programme où la Symphonie n°6 de Schubert – où pointent déjà les fulgurances sa neuvième, “la Grande” – voisine avec la Symphonie n°4 “Romantique” de Bruckner. Emplie de réminiscences venant évoquer Schumann ou Schubert, cette dernière est marquée du sceau de la lumière et de la transparence. L’auditeur y est entraîné dans des ambiances d’une rare intensité, des atmosphères ensoleillées de forêts noyées sous le soleil de l’été ou alors mélancoliquement hivernales. On croit voir se dérouler devant nous une habile exploration des fastes de la Création. Cette œuvre novatrice culmine dans un Finale en forme d’hymne chrétien à la puissance de Dieu, faisant parfois songer à un trouble mélange entre les chromos sulpiciens aux ornementations alambiquées et l’altière et sobre beauté d’un retable du Moyen-Âge.

Le premier concert luxembourgeois des Wiener Philharmoniker – sous la baguette de la légende qu’est Zubin Mehta – fait aussi la part belle à Bruckner avec sa Symphonie n°8, fresque sonore démesurée et fascinante, souvent considérée comme le couronnement de la symphonie romantique. Dans un second programme donné à La Philharmonie, le chef finlandais Esa-Pekka Salonen mariera Beethoven (avec son Concerto pour violon par la glamourissime Julia Fischer), Tchaïkovski (Francesca da Rimini) et Ravel dont sera joué Ma mère l’Oye. Imagination primesautière et légèreté onirique peuplent ces musiques adaptées de contes pour enfants comme La Belle au Bois Dormant ou Le Petit Poucet. Le dessein de Ravel ? « Évoquer la poésie de l’enfance », ce qui l’a « naturellement conduit à simplifier [s]a manière et à dépouiller [s]on écriture ». Un processus qui permet au musicien d’aller à l’essentiel de la poésie et de frapper en plein cœur de l’imaginaire.

À Baden-Baden, au Festspielhaus, samedi 23 février
+49 7221 3013 101 – www.festspielhaus.de

À Luxembourg, à La Philharmonie, mercredi 13 mars et dimanche 5 mai
+352 26 32 26 32 – www.philharmonie.lu

www.wienerphilharmoniker.at

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