Municipales: Entretien avec les candidats à Besançon

Élu depuis 2001 sous l’étiquette du PS, Jean-Louis Fousseret a rejoint La République en marche en 2017. Il ne se représente pas.

Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?

Éric Alauzet (LREM, MoDem). Lorsque nous avons questionné en juin dernier plus de 2 300 Bisontins, nous avons pu constater un bon niveau de satisfaction en ce qui concerne la vie culturelle à Besançon. Il est vrai que la rénovation du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, les extensions de la Rodia et du Bastion, les succès auprès du public de Livres dans La Boucle, des concerts de l’Orchestre Victor Hugo et aussi les interventions artistiques dans tous les quartiers, organisées par le festival Bien Urbain sont des éléments positifs.
Malgré tout, la ville reste hélas trop peu connue à l’extérieur pour ses manifestations et pour ses établissements culturels. Son patrimoine architectural et historique lui-même, est globalement méconnu, alors même qu’il est en plusieurs points exceptionnel et qu’il a bénéficié en 2008 d’une inscription sur la Liste du Patrimoine Mondial…
Tout ce secteur d’activités multiples et variées a besoin d’être redynamisé et de fonctionner beaucoup plus ensemble que cela n’est le cas aujourd’hui, en respectant bien sûr les spécificités de chacun et de chaque discipline artistique.
Le rôle du maire n’est pas de s’occuper des programmations bien sûr, mais ce n’est pas non plus de se contenter de verser des subventions. Il doit avoir une stratégie globale et la faire partager à l’ensemble des acteurs.

Ludovic Fagaut (LR). La ville a plutôt un bilan culturel convenable malgré le refus de certains élus de sacraliser le budget et des réductions dommageables notamment pour les associations. Le musée des Beaux-Arts, le musée de la Résistance, les parcours culturels dans les écoles pour ne prendre que ces exemples sont intéressants dans leur développement et doivent être soutenus dans le cadre de leur fonctionnement et projets originaux. Pour moi Besançon est une ville d’art et de culture et doit le rester en s’adaptant à la société et au changement qui s’y réfère. Cependant, la culture ce sont aussi des lieux, des espaces et il manque cruellement de salle pour les écoles de musiques par exemples ou encore une salle de concert à haut niveau d’acoustique.

Anne Vignot (EELV, PRG, PS, Génération·s,PCF, Radicaux de gauche, CAP 21 et Urgence Écologie).
Au terme des mandats passés, la ville de Besançon dispose d’une offre culturelle dense et variée. Aux structures institutionnelle (Scène nationale, CDN, scène de musiques actuelles, orchestre, scène conventionnée jeunes publics…) s’ajoute un réseau de compagnies et d’associations dense et des festivals qui couvrent de nombreux champs culturels, ainsi que des pratiques amateures, qui constituent un des leviers essentiels d’ouverture de la culture vers la population. La ville a également mis en place des parcours artistique à destination des écoles, qui visent à permettre aux plus jeunes un accès à des lieux de cultures qu’ils ne fréquenteraient pas forcément, avec un accompagnement de médiation particulier. Je veux enfin relever concernant le secteur du livre la création par la ville et l’agglomération d’un festival dédié : « le Livre dans la boucle », après l’abandon d’un festival sur ce thème par le département du Doubs.

La Citadelle & La Rodia © Jean-Charles Sexe

 

Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire aux Municipales ?

Éric Alauzet (LREM, MoDem). J’insiste tout d’abord sur le caractère particulièrement transversal de toute politique culturelle. La culture c’est de l’éducation artistique dans les écoles, elle participe de l’enseignement supérieur et de la recherche, c’est de l’architecture aussi bien contemporaine qu’ancienne qui dessine l’image de la ville et c’est un atout clé du développement économique. La culture rejoint enfin la nature à travers le paysage urbain, si important à Besançon, du fait de son site absolument unique.
L’éducation artistique et culturelle de la jeunesse, celle des crèches, des écoles maternelles et primaires sera pour moi un axe prioritaire. En partenariat étroit avec le Ministère de l’Éducation Nationale, on doit pouvoir arriver, par exemple, à ce que chaque école dispose d’une chorale. Chaque enfant de Besançon devra avoir pu bénéficier, avant son entrée au collège, d’un véritable “parcours culturel” qui lui fera rencontrer des artistes, des lieux, des établissements dans lesquels tout le monde n’ose pas rentrer et expérimenter des pratiques artistiques.
Besançon devra, bien plus qu’elle ne peut l’être aujourd’hui, devenir la ville des créateurs et de l’innovation artistique. Ce sont eux qui doivent nous aider à inventer la métropole de demain. Je m’attacherai notamment à allier la valorisation de nos riches patrimoines avec l’expression la plus innovante de nos artistes et notamment ceux qui relèvent des “cultures urbaines”. Comédiens, musiciens, plasticiens, graffeurs, sauront accompagner les habitants dans la redécouverte de leur ville sous des jours nouveaux.

Ludovic Fagaut (LR). Je prône la culture pour tous comme vecteur de cohésion sociale donc elle aura une place incontournable dans tous les projets que nous mènerons : petite enfance, éducation, social… Les associations auront une place privilégiée dans le dossier éducation. Les théâtres, festivals continueront à être soutenus et accompagnés. Nos bibliothèques, musées auront des horaires aménagés afin que chacune et chacun puissent en profiter pleinement. Nous demanderons à nos structures d’aller chercher de nouveaux publics et notamment ceux la même qui sont le plus éloignés. Un axe majeur sera de capitaliser sur notre patrimoine vivant et faire de la citadelle, patrimoine mondial de l’Unesco, un lieu ouvert, attractif et pensé pour les touristes notamment en matière d’offre où le numérique prendra sa place et ou l’accès sera facilité.

Anne Vignot (EELV, PRG, PS, Génération·s, PCF, Radicaux de gauche, CAP 21 et Urgence Écologie). Nous voulons faciliter l’accès à la culture, en offrant de nouveaux cheminements vers les lieux de diffusion, en renforçant la médiation et en faisant davantage sortir la culture hors les murs. Notamment en :
– Développant les parcours culturels destinés aux écoles
– Encourageant les animations artistiques de l’espace public (arts urbains sur périmètre élargi, danses, parades, spectacles vivants…) à l’occasion, par exemple des journées « La Rue est à nous » dans les quartiers de la ville.
– Proposant des « billets découverte culture » et des « tickets sports culture » à l’exemple de Vital’été, dans les quartiers durant les vacances scolaires
– Organisant des dimanches festifs, populaires et culturels où toutes les structures et services culturels de la ville seront ouverts gratuitement pour proposer des expositions, du théâtre, des spectacles, des concerts…

Nous voulons poursuivre notre soutien apporté aux artistes, qu’il s’agisse de structures culturelles déjà établies, comme de petites compagnies ou associations. La culture vivante de Besançon repose sur son réseau d’artistes, de compagnies et d’associations.
– Auprès des structures culturelles : nous affirmerons la contractualisation des moyens et des objectifs, en partenariat avec l’État et la Région, avec des orientations en termes de médiation, d’ouverture, de rayonnement sur la ville, de transparence, de décentralisation dans les quartiers.
– Auprès des artistes, associations et petites compagnies : nous soutiendrons l’existence d’une forte activité créatrice sur notre territoire et la création artistique contemporaine en développant les lieux dédiés à l’accueil et au travail des artistes (friches artistiques, résidences…) et nous en faciliterons l’auto-gestion par les associations.

Nous souhaitons engager une politique globale sur la lecture publique. Cette politique coordonnée doit concerner l’ensemble des publics et générations.
– Nous développerons le portage du livre à domicile aux personnes âgées et isolées dans tous les quartiers.
– Nous accompagnerons des parcours culturels interscolaires et extrascolaires sur la lecture et le langage.
– Nous projetons d’ouvrir la Maison Colette.

Le patrimoine historique de Besançon, et en particulier son centre-ville d’époque renaissance-moderne) est une richesse exceptionnelle. C’est un atout pour le quotidien des habitant·e·s, qui apprécient de vivre dans une ville d’art et d’histoire. C’est un atout pour l’attractivité touristique de notre ville. Notre équipe souhaite développer la valorisation de ce patrimoine et le rendre plus accessible.
– Nous poursuivrons les travaux de mise en valeur du patrimoine Vauban (Classement UNESCO) et développerons un outil de valorisation du patrimoine historique par le numérique.
– Nous valoriserons les arrière-cours par des visites, parcours et publications.
– Nous créerons un chemin des arts jalonné de statues des personnalités féminines de Besançon. Nous restaurerons les différentes fontaines
– Nous valoriserons le centre historique urbain depuis la renaissance à l’époque moderne.

Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie

 

Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?

Éric Alauzet (LREM, MoDem). Nous en avons de trop nombreux pour n’en citer qu’un seul et j’en mentionnerai brièvement trois :
– Construire à côté des magnifiques bâtiments de l’Hôpital St Jacques, la grande salle de musique qui manque à Besançon ce ne sera pas seulement permettre à l’Orchestre, au Festival international et au Concours de jeunes chefs de disposer enfin d’un outil qui leur permettra de rayonner plus encore. Cette salle sera au cœur du projet de candidature pour que Besançon fasse partie du réseau des villes créatives de l’Unesco. Besançon doit devenir la ville de toutes les musiques, faciliter leur accès pour tous les publics et faire de la musique un véritable outil du développement durable de la ville. C’est tout cela que peut apporter le réseau Unesco des “villes créatives” et qui correspond à notre ambition.
– Le projet “Les deux rives”, sur l’ancien site de la Rodiaceta, fera cohabiter harmonieusement dans le cadre magique des bords du Doubs, à proximité de la Cité des Arts et des lieux dédiés aux musiques actuelles, des activités artistiques et d’autres plus sportives. Ne pas opposer le soin apporté au corps et la pratique des arts, ce sera l’esprit de ce lieu innovant. Créer des espaces où les Bisontins pourront passer du bain au concert, du trail au jardin de sculptures, pratiquer toutes formes de danse et se laisser surprendre par des propositions théâtrales, s’ouvrir aux cultures urbaines, le tout dans une ambiance festive, tel est le projet que nous poursuivrons avec tous les acteurs bisontins désireux de s’impliquer.
– Je veux aussi insuffler plus de vie dans le haut de la boucle et au pied de la colline St Étienne, véritable acropole de Besançon, en investissant places et rues traversières pour faire se faire rencontrer métiers d’art, design, antiquités, galeries, mais aussi réalité augmentée, installations éphémères de lumières et de couleurs. Inviter à la liberté de déambuler, à rêver de l’histoire de la ville, de la cathédrale St Jean, à la fois romane, gothique et néo-classique et par le palais renaissance des Granvelle, premiers ministres de Charles Quint sur l’Empire duquel le soleil ne se couchait jamais. Avec ce projet “De portes en places”, Bisontins et touristes embarqueront pour un voyage de 2 000 ans dans le temps : depuis l’empire romain (Porte noire, Square Castan) jusqu’au XIXe siècle romantique, d’Hugo, de Nodier et celui inventif et moderne des frères Lumière. C’est à partir de la Place Victor Hugo que débutera l’ascension vers la Citadelle au travers d’un cheminement qui sera réinventé pour faire de ce parcours une véritable expérience menant à la forteresse de Vauban et à ses trésors à redorer, tels ses trois musées nationaux auxquels je veux donner un nouveau visage.

Ludovic Fagaut (LR). Le projet emblématique est la grande bibliothèque que je voudrais ouverte à tous. Ce ne sera pas seulement un lieu de lecture mais un lieu de vie pour tous les bisontines bisontins et au-delà.
J’y veux des salles d’exposition, de multimédia, des espaces pour du co-working mis à disposition de partenaires culturels, un espace ludique pour les familles.
Nous aurons également ce projet d’envergure port-citadelle où la culture viendra se croiser avec la nature ainsi que la pratique sportive.

Anne Vignot (EELV, PRG, PS, Génération·s, PCF, Radicaux de gauche, CAP 21 et Urgence Écologie).
Je veux relever trois grands projets :
– Nous souhaitons organiser des dimanches festifs, populaires et culturels qui viseront à ouvrir largement les lieux de cultures à toutes et tous et à faire véritablement envahir chaque quartier de la ville par les acteurs culturels du territoire. Cela permettra aux habitants de mieux découvrir les acteurs locaux, qu’ils soient institutionnels, en compagnies ou associatifs et changer le rapport des habitants à leur espace public.
– Nous souhaitons également mettre en œuvre un grand projet patrimonial autour des berges du Doubs (de la source de la Mouillère aux Prés-de-Vaux), afin d’en faire un parcours dédié aux loisirs, à la culture, aux sports et au tourisme.
– Nous souhaitons enfin valoriser les femmes qui ont compté dans l’histoire de notre ville, via un parcours culturel et patrimonial (animations, lieux, statues…).

Cité des arts & Citadelle © Jean-Charles Sexe

 

Que deviendrait le projet d’écoquartier des Vaîtes ?

Ludovic Fagaut (LR). Le projet eco quartier des Vaites sera complètement repensé avec les habitants pour en faire un véritable poumon vert où une expérimentation autour des mobilités autorégulées sera portée afin de limiter les rejets de CO2. Nous penserons également à un « espace ludique sur l’écologie et la culture : land art… »

Anne Vignot (EELV, PRG, PS, Génération·s, PCF, Radicaux de gauche, CAP 21 et Urgence Écologie).
Le projet d’écoquartier des Vaîtes a été pensé il y’a quinze ans déjà. Les enjeux écologiques ont évolué, et il est nécessaire de redéfinir le projet pour l’adapter aux enjeux d’aujourd’hui. Au cœur de cette adaptation, nous devons préserver plus largement les zones naturelles et maraîchères propres à l’identité et à l’histoire de ce secteur.
Ce projet doit également mieux répondre aux enjeux de logement : nous réaffirmons donc notre attachement à le voir doté d’une proportion notable de 20% de logement sociaux et de 15% de logements à tarification abordable.
Enfin, je suis attachée à ce que le travail à venir pour mieux adapter ce projet aux exigences écologiques et sociales actuelles se fasse avec la participation des habitants de notre ville.

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