Luxembourg art week 2022

Painting (huile sur bois) par Mathieu Boisadan

Pour sa huitième édition, la Luxembourg Art Week met notamment à l’honneur six artistes à la renommée croissante, dont le Strasbourgeois Mathieu Boisadan.

Depuis sa création en 2015, la foire d’art contemporain du Luxembourg est devenue un rendez-vous incontournable des amateurs d’art et collectionneurs privés de la Grande Région* – dont certains figurent parmi les plus prisés du marché. Avec quelque quatre-vingt galeries locales et internationales, dont les so chic Ceysson & Bénétière ou Nathalie Obadia, l’édition 2022 se déploie sur 5 000 m2 à travers trois espaces distincts. Noyau dur de la manifestation, la Main Section réunit 49 exposants, sur les stands desquels s’exhibent les grinçantes toiles tourbillonnantes de couleur de l’Allemand Jan Voss (Galerie Lelong & Co), les figurations libres de Robert Combas (Saltiel-KMG) ou encore les puissants noirs géométriques du Danois Carsten Beck (Victor Lope Arte Contemporaneo). Tous artistes déjà bien établis. La partie Take Off jette quant à elle un regard sur les forces vives de la production contemporaine, des photogrammes en forme de méditations plastiques de Baptiste Rabichon (Reuter Bausch Art Gallery) aux paysages évanescents de Lou Ros (Romero Paprocki). Mais la nouveauté de cette Luxembourg Art Week – “LAW”, pour les intimes –, c’est la section dédiée aux SOLO shows, attachée à braquer les projecteurs sur six plasticiens contemporains grâce à des expositions personnelles spécialement conçues. Parmi eux, Nuno Lorena, Jan De Vliegher, Yafeng Duan, Moritz Ney, Thomas Devaux et… Mathieu Boisadan !

Luxembourg Art Week : Tscheschenigel Promenade par Mathieu Boisadan
Luxembourg Art Week : Tscheschenigel Promenade par Mathieu Boisadan

Enseignant à la Hear, le Strasbourgeois d’adoption et peintre autodidacte présente, sur un air new wave à la Depeche Mode, Your own personal Jesus, hérétique exposition portée par la messine Galerie Vis-à-Vis. Ses personnages disproportionnés, tantôt géants tantôt fourmis, peuplent des paysages indéterminés, paradis déchus sur lesquels planent les traces d’un passé qui ne passe pas, jonchés de hérissons tchèques en forme de croix (Tscheschenigel Promenade, en photo), de statues guerrières ou de réacteurs nucléaires (Innocence fragile). Il y a dans la peinture de Boisadan une espèce de profusion, d’expressivité extrême. Elle résonne des violences du XXe siècle, de l’histoire tourmentée de l’Europe de l’Est… et des crises actuelles. Son travail en matière sur les épaisseurs ravive les chairs (Painting), comme si, à l’ère des images aseptisées d’Instagram, il fallait réhabiliter l’incarnation. Regarde autour de toi, et souviens-toi que tu n’es qu’un homme, rappelle le titre d’une de ses icônes russes revisitées, tiré de l’Apologétique de Tertullien. Dense et mystérieuse, son oeuvre concentrée de références dessine un monde à la fois onirique et réel, entre apocalypse et impossible rédemption (Dossier Fragments), qui emprunte à l’expressionisme d’un Beckmann autant qu’à l’art primitif, la Renaissance italienne, le symbolisme russe ou la culture populaire.


Au Champ du Glacis (Luxembourg) du 11 au 13 novembre
luxembourgartweek.lu


Le deuxième volet de l’exposition est visible à la Galerie Vis-à-Vis (Metz) jusqu’au 15/11
galerie-visavis.com

*Sarre, Rhénanie-Palatinat, Wallonie, Grand Est et Luxembourg

vous pourriez aussi aimer