Les Micro Giboulées de Kaori Ito au TJP

Kaori Ito © Gregory Batardon

Transformation et renaissance sont au cœur des Micro Giboulées, temps fort familial créé par Kaori Ito au TJP.

Succédant aux Giboulées, biennale de la marionnette, les Micro Giboulées adoptent un format inédit chaque année. « Les spectacles se dérouleront sur quatre jours seulement, d’où cette idée de ‘‘micro’’ », explique Kaori Ito, directrice du TJP. Cette première édition – cinq pièces et trois créations en cours (réunies dans Par Court, 23/03, dès 14 ans) – explore les thèmes de la mort et de la renaissance. « Les enfants vivent aussi des métamorphoses avec leurs corps », précise-t-elle. « J’ai par ailleurs constaté que, même à 5 ans, ils sont éveillés à la notion de disparition, de renouvellement. C’est précisément le sujet que j’aborde dans Robot, l’amour éternel. » Dans cette pièce chorégraphique (21-23/03, TJP grande scène, dès 5 ans), la danseuse s’interroge sur les frontières entre l’homme et la machine. Sous les traits d’un androïde aux mouvements saccadés, alternant déplacements lents et précipités, elle examine la solitude et les différentes étapes de la vie. « Au début, une bâche transparente recouvre la plateforme sur laquelle j’évolue. Tout doucement, au rythme d’une composition de Schubert, le sol l’avale, révélant des moulages de mes genoux, de mes coudes et autres fragments de mon corps. » Kaori finit par apparaître, le visage à moitié dissimulé par une prothèse, qu’elle arrache tandis que la musique accélère. « Ma vie commence, et elle va de plus en plus vite », traduit-elle.

Micro Giboulées : Laure Werckmann © Adrien Berthet

Confrontation
Parmi les travaux de Par Court, Laure Werckmann adapte Croire aux fauves (23/03, TJP grande scène). Inspirée du récit autobiographique éponyme de l’anthropologue Natassja Martin, cette histoire conte le face-à-face de l’autrice avec un ours, qui lui déchire la mâchoire. « Dommage, vous étiez tellement belle, avant », lui disent les médecins après l’opération. « Elle en est réduite à son physique, une simple esthétique qu’il m’importe de questionner », développe la metteuse en scène. Pour elle qui a souvent été cantonnée à des rôles de belles premières, interpréter Natassja est l’occasion d’aller de l’autre côté du miroir. « Bien que nous soyons encore dans un processus de recherche, je me dis que je souhaite garder le présent de narration du livre. » Les quatre saisons qui le rythment seront également retranscrites, peut-être physiquement, en faisant voler des feuilles mortes sur le plateau pour signifier l’automne. « J’aimerais que toutes les représentations restent crédibles », ajoute-t-elle. « Que le public arrive à comprendre où il se trouve (à l’hôpital, dans la forêt…), en identifiant un simple objet dans le décor, comme une bouteille évoquant la forme d’une perfusion. » Serait-il envisageable de jouer sur cette ressemblance pour glisser, petit à petit, dans une représentation où sa perception changerait, comme la nôtre ?


Au TJP (Strasbourg), au Brassin (Schiltigheim) et au PréO (Oberhausbergen) du 21 au 24 mars
tjp-strasbourg.com

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