Le Casse du siècle

© Isabelle Vali / Labo Vertigo

Dans Archivolte, le strasbourgeois David Séchaud monte un casse grandeur nature. Une plongée en pleins préparatifs, entre vrai coup dans un musée du Corbusier et hacking de l’esprit de l’architecte.

Amoureux des films de casse – notamment Le Pigeon de Mario Monicelli avec Vittorio Gassman et Marcello Mastroianni –, un genre né après-guerre avec ses figures emblématiques, ses losers attachants et ses rebondissements haletants, David Séchaud se prend au jeu. Le scénographe, diplômé des Arts décoratifs de Strasbourg en 2011, planifie un coup aussi fameux que fumeux : pénétrer jusqu’à la salle des coffres du Musée national des Beaux-Arts de l’Occident du Corbusier, à Tokyo. Voilà plus d’un an qu’il planche dessus, élaborant une mise en abîme de l’essence du théâtre qu’il explore « en montant une entreprise ayant pour objectif une chasse au trésor, tout à la fois l’invention d’une histoire dans l’espace qu’un jeu sur la frontière entre le réel et le spectacle ».

Le chorégraphe Damien Briançon devient son préparateur physique, l’architecte Olivier Gahinet l’a aidé à penser l’espace et à se fondre dans l’esprit des lieux. Sur scène, David est soutenu dans sa routine – tel un sportif de haut niveau répétant ses gammes, refaisant encore et encore un parcours jusqu’à une maîtrise totale – par son regard extérieur François Lanel, devenu coach mental, et la régisseuse Maëlle Payonne, assure son back-up technique. Tous deux installés derrière des régies, respectivement dans le public et sur le plateau, ils sont ses complices, élaborant des stratégies pour déjouer contretemps et imprévus (au hasard la « présence d’un squatteur, une erreur sur le plan du bâtiment, une souris poursuivie par un chat poursuivi par un chien qui nous voit, un spectateur qui proteste… »), rejouant les étapes d’un chemin semé d’embuches au milieu d’une structure faite de modules plus ou moins souples : des volumes en bois et chambres à air tendues, censés représenter différentes étapes du bâtiment (toit, terrasse, gaine de ventilation, tyrolienne…). Tel un adepte du parkour, il se faufile au milieu de l’espace, utilisé comme des agrès qu’il s’approprie, escalade et manipule grâce à des poulies et des contrepoids. Notre Arsène Lupin, attentif au panache et à la beauté du geste, « aime les accidents, les provoque et tente de les prévoir, sachant pertinemment ne pouvoir tout maîtriser. Il y a toujours de la casse, au sens propre, un certain danger inhérent à ce type d’entreprise, qu’elle soit un cambriolage ou un spectacle. »

Au TJP (Strasbourg), du 12 au 14 janvier – www.tjp-strasbourg.com
www.cie-placementlibre.fr
À L’Atheneum (Dijon), mercredi 8 marshttps://atheneum.u-bourgogne.fr
Au Théâtre Gérard Philipe (Frouard), samedi 22 et dimanche 23 avril dans le cadre du festival Geo Condé (21-29 avril) – www.tgpfrouard.fr
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