La nuit du chanteur

Bertrand Betsch, artiste « autiste » exprimant sa difficulté à être au monde dans des couplets entonnés de sa voix brisée, tend la main pour nous attirer dans les profondeurs nocturnes. La nuit lui appartient.

 

On vous a découvert en 1997 lorsque vous faisiez La Soupe à la grimace et les choses n’ont pas beaucoup changé depuis : vos chansons sont toujours des complaintes douces amères. La Tristesse durera toujours pour vous ?

Oui, car j’ai une âme mélancolique… Je suis cependant capable de glisser des lueurs d’espoir, ne voulant pas non plus plomber le moral des gens. Je cherche les émotions présentes dans le bonheur du quotidien, mais également dans les moments douloureux. C’est à partir des failles et des points de rupture que le processus créatif s’enclenche.

La Soupe à la grimace, votre premier album, est sorti sur Lithium. Vous sentiez-vous des affinités avec les autres artistes du label, Dominique A ou Diabologum ?

C’était tout sauf une grande famille et je ne me reconnaissais pas vraiment dans le label qui était trop “indé” pur et dur. Ceci dit, j’aime beaucoup les artistes que vous venez de citer ou encore Mendelson et Françoiz Breut… mais sans en être particulièrement proche.

Selon vous, l’artiste n’est pas un génie, mais un “handicapé” qui est obligé de se dépasser pour se faire une place dans le monde ?

Oui, personnellement, j’ai des blocages dans le rapport à l’autre. J’ai l’impression de n’être bon qu’à ça : écrire des chansons. Je n’ai pas beaucoup de dispositions pour autre chose et la musique me permet de communiquer de façon profonde et honnête.

 

Est-il vrai que vos chansons vous viennent naturellement dans toute leur simplicité ?

Oui, c’est exact. J’aime les choses directes, qui vont droit au but. Cependant, je me sens davantage maximaliste que minimaliste car je donne le meilleur de moi-même dans mes morceaux.

Si on se réfère à un de vos textes, « l’amour est un bazooka dans les jambes »…

Cette phrase a un double sens grivois dont je n’étais pas conscient au départ. Quand j’écris, je n’y comprends rien. Les textes me viennent comme ça, de manière automatique. C’est bien plus tard que je reviens dessus. Les mots dévalent la pente, ils m’arrivent comme une coulée de boue, une avalanche.

 

Votre nouvel album, double disque contenant 26 morceaux, est conçu comme un long Voyage au bout de la nuit, titre du dernier morceau…

Lorsque la nuit tombe, il y a une sorte d’apaisement. À mesure qu’elle avance, on se retrouve face à soi-même, à son intimité et certaines angoisses peuvent ressortir. Dans mon album, la nuit – une petite mort – peut être vue comme un espace de liberté ou quelque chose d’oppressant. Nous l’habitons de plusieurs façons.

À Metz, aux Trinitaires, vendredi 21 mars

03 87 20 03 03 – www.lestrinitaires.com

www.bertrandbetsch.fr

 

La Nuit nous appartient, édité par 03h50

www.03h50.com

 

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