KT Gorique : queen of hip-hop

Depuis dix ans, la Suissesse KT Gorique s’impose dans le hip-hop avec son style hybride et percutant. Rencontre avec une showwoman au verbe haut.

Vous définissez votre style comme du « future roots ». Que recouvre cet oxymore ?
L’idée est de proposer un rap qui me ressemble, différent de ce qu’on a l’habitude d’écouter, mais où les codes des musiques qui m’ont façonnée depuis l’enfance – reggae et musique africaine – restent reconnaissables.

Comment êtes-vous venue au hip-hop ?
J’ai commencé la danse à l’âge de cinq ans, en Côte d’Ivoire où je suis née. En arrivant en Suisse, à onze ans, j’ai découvert la danse hip-hop et cela a été comme une évidence. À l’époque, j’écrivais déjà des textes en rimes, sans réaliser qu’il pourrait s’agir de chansons… jusqu’à ce que je les déclame sur les morceaux de rap américain que j’écoutais. Ça ne m’a plus lâchée !

Aujourd’hui, comment la danse s’intègre-t-elle à votre projet ?
Je veux offrir un show aux gens, les emmener dans un univers non seulement sonore mais visuel, qui passe par le corps. Voilà pourquoi mon backeur est danseur. L’idée n’est pas de chorégraphier mais d’apporter une dimension supplémentaire, théâtrale, à la musique. C’est aussi pour cela que je me peins le visage avant de monter sur scène.

Vous êtes la seule femme à avoir remporté le championnat du monde de freestyle End of the Weak. C’est de là que vient votre écriture si incisive ?
L’improvisation m’a apporté un vrai bagage de MCing. Je viens de cette école et cela s’entend dans la façon dont j’impose mon flow.

Comment vos origines influencent-elles vos textes ?
Ce parcours atypique de métisse ayant grandi en Côte d’Ivoire avant de s’installer en Europe m’a toujours questionnée. Cela transparait naturellement dans mes écrits, où je traite souvent du racisme, des migrations, etc. Pour rester vraie dans mon art, je ne peux parler que de ce que je vis. Voilà pourquoi je ressemble autant à ma musique, et inversement. Mais les sujets qui me touchent évoluent. Dans Akwaba (2020), j’ai abordé des thèmes relativement nouveaux, notamment le rapport à l’argent qui sous-tend les relations entre les Africains vivant sur le continent et ceux de la diaspora (Pensées).

C’est lors de la préparation de ce disque que vous êtes retournée à Abidjan ?
C’était en 2018, seize ans après notre départ. L’album est né de cette quête symbolique. Les retrouvailles avec ma famille et mes racines ont nourri l’envie d’aller au bout de cette idée d’une musique à l’image de mon identité multiple. Vous venez de sortir Bon Mood, avec l’Ivoirien Lil Black… J’avais depuis longtemps ce rêve de faire un titre avec une prod’ 100% ivoirienne (signée du talentueux beatmaker Panthxr Stuff) pour aller à la rencontre du public de là-bas, qui ne me connaît pas.

Ce lien avec la scène africaine, vous aimeriez le développer ?
J’espère créer de plus en plus de passerelles entre les deux mondes, tout en restant fidèle à moi-même. Je ne vais pas me lever un matin et me mettre au zouglou ou au coupé-décalé, même si, en grande fan de Soum Bill et DJ Arafat, j’adore en écouter !


Au festival Rencontres & Racines (Audincourt) dimanche 26 juin, au No Logo festival (Fraisans) dimanche 14 août et au festival Watts à Bar (Bar-le-Duc) vendredi 26 août

Édité par Creepy Music / Baco Records
bacoshop.fr

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