Jolis mômes au festival Momix

Photo de Kurt Van der Elst (Horses)

La 27e édition de Momix, festival international jeune public, s’écrit en temps forts nationaux et internationaux à l’exigence artistique toujours plus grande. Tour d’horizon avec son directeur, Philippe Schlienger.

Vous poursuivez les focus initiés depuis trois éditions sur un territoire particulier. Cette année, c’est la Bretagne qui est à l’honneur…
En effet, nous organisons au cœur du festival des focales depuis plusieurs saisons sur des territoires partenaires, mettant l’accent sur les compagnies qui y essaiment. Cela donne à Momix une approche singulière, marquée par de belles découvertes pour le public : avec Glaz Kids, ce sont 13 compagnies bretonnes invitées. Nous renforçons aussi notre rôle de prescripteur pour les professionnels – programmateurs et autres – qui fait de ce rendez- vous une plateforme de visibilité forte. Avec le temps, nous sommes devenus un petit marché des spectacles jeune public où les acteurs se rencontrent.

Autre temps fort, et pas des moindres, “Momix à la Flamande”, coup de projecteur sur des formes audacieuses venues de Belgique et des Pays-Bas. Une manière de hausser, encore une fois, le niveau et la variété de la programmation ?
La qualité des spectacles a toujours été notre priorité, nous ne faisons jamais de coup pour faire un coup, mais essayons de choisir des pièces fortes. La particularité des Flamands est qu’ils travaillent énormément sur le rapport au corps, convoquant beaucoup d’énergie sur le plateau avec de la musique live. Leurs formes sont très contemporaines et interrogent toujours le monde d’aujourd’hui sans détours. Je suis impatient de faire découvrir cette écriture plus physique et ces artistes pluriels qui considèrent le jeune public à l’égal des autres. Souvent ils ne sont pas spécialistes du genre mais y mettent la même exigence et qualité que pour d’autres spectacles. C’est le cas d’Horses, chorégraphie pour cinq adultes et cinq enfants, entre envie de grandir et de rester enfant ou encore de WOESJ de la Cie 4 Hoog que nous accueillons pour la quatrième fois à Momix. Leur mini opéra contemporain à voir dès 3 ans à base d’eau, de coquillages et de sable est fascinant.

Il y a aussi des ovnis à Momix comme Le Grand voyage, un tour du monde en 37 minutes à l’intérieur d’un… bus !
La proposition de Judith Nab fait partie de ces opérations marginales sortant des clous habituels : son bus se déplace depuis la Hollande pour un spectacle destiné quasi exclusivement aux enfants (dès 4 ans). Ils sont prioritaires pour s’installer dans les fauteuils et profiter de paysages utopiques très graphiques projetés sur l’ensemble des vitres. La liberté d’imaginaire est complète durant ce voyage de près d’une heure. Ils entrent dans un espace à part, comme s’ils pénétraient à l’intérieur d’un livre.

Photo de Nacho Gómez (A House in Asia)
Notre Sélection Momix

Le western scénique A House in Asia (dès 8 ans) de la compagnie barcelonaise Señor Serrano, reconstituant l’assaut final sur la cachette de l’ennemi mondial n°1 suite aux attentats du 11 septembre au Pakistan. Le tout avec des figurines pour enfants de cow-boys et d’indiens. Ben Laden est Géronimo, le Navy Seals Matt Bissonnette qui témoigna dans 60 minutes est un shérif qui conclue la plus grande chasse à l’homme de l’histoire.
L’avis de Philippe Schlienger : « Ce travail sur la destruction de la maison de Ben Laden m’a totalement scotché. Le parallèle entre ces jeux d’enfants et la situation de guerre entre les États-Unis et Al-Qaïda s’effectue sur fond de films des 1950’s et figurines filmées en direct au plateau par les comédiens. La dimension politique de la vision binaire des choses, la séparation entre les bons et les méchants ressort sans parti pris grossier. Les niveaux de lecture se superposent pour requestionner cette histoire récente. »
Salle plurivalente de la Strueth (Kingersheim), vendredi 9 février à 20h30

Du vent dans la tête (dès 4 ans), spectacle de marionnettes des Bretons du Bouffou Théâtre, se demande si le vent est fabriqué par les moulins à vent ? Ou si les herbes sont les cheveux de la terre et les jardiniers ses coiffeurs ? Peut-on stopper le cours du temps en regardant très très fort une horloge ? Un brin de fantaisie quotidienne pour un spectacle mêlant humour et transmission.
L’avis de Philippe Schlienger : « Avec leur manière douce et drôle de poser des questions philosophiques aux tout petits, ils bousculent les idées par l’absurde. On se rend compte à Momix que les enfants sont friands d’une telle poésie. »
Salle du Cercle (Bischheim), mercredi 7 février à 16h et au Village des Enfants (Kingersheim), samedi 10 février à 10h & 15h30

Le talentueux Abdelwaheb Sefsaf s’inspire du roman Mon nom est rouge d’Orhan Pamuk pour composer Médina Mérika (dès 13 ans), un thriller décalé mêlant chansons live et monologues sur fond de décor vidéo. Ali, jeune réalisateur fou de cinéma américain, est retrouvé mort au fond d’un puits. Il va enquêter pour retrouver l’assassin.
L’avis de Philippe Schlienger : « Un spectacle gorgé d’humour et d’autocritique sur le monde arabe qui nous fait redécouvrir la force banale des sentiments les plus simples (jalousie, colère…). L’anecdotique du quotidien est mise en relation avec la poétique des choses. Un spectacle fin et joyeux. »
Salle plurivalente de la Strueth (Kingersheim), samedi 10 février à 20h

Le Festival Momix se déroule à Kingersheim, du 1er au 11 février
momix.org
> Horses de la Cie Kabinet K & Hetpaleis, à l’Espace Tival (Kingersheim) dimanche 4 février à 15h30
> Le Grand voyage de Judith Nab, sur le Parvis de l’Espace Tival (Kingersheim), samedi 3 février à 11h, 15h30 & 17h,
place Abbatucci (Huningue), dimanche 4 février à 10h, 11h15, 14h15 & 16h, puis à l’Espace Gantner (Bourogne), mercredi 7 février à 14h30
> WOESJ de la Cie 4 Hoog, au Village des Enfants (Kingersheim), dimanche 4 février à 11h & 16h

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