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Photo de Maria Borresen (Laerte)

La quatrième édition de l’Atoll Festival, dédié au cirque contemporain, place Karlsruhe parmi les rendez-vous qui comptent à l’échelle européenne.

Dans la riche programmation concoctée par le Tollhaus, débutons par un peu de poésie avec Jörg Müller. Né en Bavière, il passe par le Centre national des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne dans les années 1990 avant de collaborer avec des artistes comme Philippe Decouflé, Yoann Bourgeois ou encore Julie Nioche. Son Mobile (29/09) défie les lois de la gravité. Le jongleur danse avec des tubes de métal suspendus qu’il anime, jette, fait tournoyer et tinter avec une dextérité sans pareille. Ce ballet impromptu captive et envoûte, dessinant dans l’espace des lignes invisibles domptant l’incertitude. Rajoutez une bonne dose de pur dadaïsme, secouez le tout dans une scénographie électrique et volontairement vacillante et vous obtenez le cocktail de My!Laika. La compagnie de cirque, fondée en 2009 pour créer des collages absurdes de mouvements, musiques et images, déferlait un an plus tard avec Pop-corn Machine. L’apocalypse domestique de ce spectacle fondateur – qui les fit lauréats Jeunes Talents Cirque Europe 2010 – est ici rejouée (26 & 27/09). Trois filles charismatiques en font voir de toutes les couleurs à un homme n’arrêtant pas de passer l’arme à gauche dans des situations burlesques. Au-delà de toute limite, le futur présenté coexiste avec un passé inconnu mais néanmoins dévastateur. Un tigre tombe du ciel, l’apocalypse se vend en promo et l’idylle amoureuse se noue avec un trapèze lorsqu’on ne joue pas à la roulette russe (avec les jambes !) sur un vélo acrobatique. Pour les plus petits (dès 6 ans), ils présentent aussi Laerte (28 & 29/09), plongée dans les nuits agitées de personnages coincés dans un port. Leurs rêves et cauchemars se matérialisent en jeux et sauts périlleux.

Photo de Maria Borresen (Laerte)

La tempête sous leur crâne anime le plateau d’une douce folie. Tout aussi barré se veut le Parasites (19-21/09) de la Cie Galapiat, réunie autour de Moïse Bernier. Le spécialiste des mâts chinois (plus ou moins souples et inclinés) signe un poème musical et circassien empruntant aux fées de Ronan Chéneau comme à Huysman et Wedekind (L’Éveil du printemps) pour composer une ode à la vie, loin du brouhaha ambiant. Avec ses deux compères musiciens à la tête enfermée dans des blocs de béton, comme échoués sur le rivage du monde, c’est à grand renfort de masses et d’envie débordante d’ivresse de sentiments et de liberté qu’ils s’arracheront des liens qui les engluent dans la poussière. Un mélange ravageur de prouesses techniques et de poésie brute.


Au Tollhaus (Karlsruhe), du 18 au 29 septembre
atoll-festival.de
tollhaus.de

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