Ilka est là !

© Serge Lucas

Laurie Cannac, artiste associée aux 2 Scènes, nous convie au théâtre pour célébrer la marionnette avec comme invitée spéciale, la grande Ilka Schöbein.

Qu’est-ce que cette fête autour de la marionnette représente pour vous ?
Le public de Besançon connaît mon travail depuis le début, alors, c’est en quelque sorte un ami à qui je propose de développer cette relation, vers plus d’intimité. Dans cette fête, il va voir des spectacles, (Faim de loup, 18 & 19/05 ; Ricdin-Ricdon, 21-24/05 ; Eh bien dansez maintenant, 22-24/05 aux 2 Scènes), mais aussi notre façon de créer et de vivre par des photos, des matériaux de construction, la scénographie “nomade” du lieu. C’est aussi une façon de rendre hommage à Ilka Schönbein pour ce qu’elle a apporté, pas seulement aux femmes avec qui elle travaille, mais aussi au monde de la marionnette et aux spectateurs. C’est elle, avant tout, qui nous rassemble.

Comment vous êtes-vous liées avec Ilka Schönbein ?
Quand je l’ai rencontrée, j’étais marionnettiste depuis dix ans. J’avais commencé, comme elle, dans la rue. J’étais nomade aussi. Elle est venue voir un de mes spectacles lors d’un festival alors qu’elle avait prévu d’en voir un autre. Et après la représentation, elle est restée discuter, et m’a proposée son aide. Elle est venue à une résidence, puis nous a rejoint à une autre. Trois semaines avant la première, elle a décidé de signer la mise en scène de Faim de loup.

Justement, qui est votre petit chaperon rouge dans Faim de loup?
C’est un chaperon blanc ! Une petite fille coincée dans les règles d’une vie régie de principes, d’angoisses et d’interdits. Pour échapper au contrôle omniprésent de sa mère, elle se sert de l’histoire du Petit Chaperon rouge pour se jeter éperdument dans l’aventure de la vie. Ce qui est rouge dans ce monde tout blanc l’attire : l’interdit, le danger, la révolte, l’amour… La version orale du conte est traditionnellement adressée à la jeune fille, et parle de la transmission entre générations féminines, de grandir en tant que femme…

Les corps des marionnettes et le vôtre se confondent au point que vous semez le doute…
C’est encore une fois inspiré par Jung : il pense que les contes ont la même structure que nos rêves. Dans le vaste terrain d’exploration qu’est la marionnette de corps, la comédienne joue le personnage principal et tous les autres avec son propre corps. Les dédoublements et transformations qui en résultent racontent à la fois l’histoire et les conflits intérieurs du héros. La marionnette de corps permet cela : elle amène le spectaculaire, la surprise et l’émotion, et en même temps, en sous-texte, pourrait-on dire, elle nous raconte nos conflits intérieurs. Tout comme les contes en somme.


À L’espace (Besançon), du 18 au 24 mai

scenenationaledebesancon.fr

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