Give me five

Depuis cinq ans, la BAM met la musique en boîte à Metz. État des lieux avant de souffler les bougies en compagnie de Fakear, Bertrand Belin ou des messins Chapelier Fou & Grand Blanc…

1. INTÉGRATION
La bâtisse de Rudy Ricciotti1, en béton immaculé, percée aléatoirement de figures géométriques anguleuses, s’est parfaitement intégrée dans le quartier populaire de Borny. D’une surface de 2 200 m2, l’ouvrage de caractère joue sur les transparences. Ajouré, il laisse passer des faisceaux lumineux en son sein, le jour, et diffuse un éclairage coloré, la nuit. La BAM abrite une salle modulable (avec gradin rétractable de 300 places assises) pouvant accueillir jusqu’à 1 200 personnes, quatre studios de répétition (dont un capable de recevoir 120 spectateurs) et un centre de ressources pour musiciens et associations. Selon Pierre Bertrand, directeur délégué aux musiques actuelles de la Ville, « le bâtiment a contribué à requalifier le quartier et le valoriser. Il permet d’accueillir des publics très différents et d’y organiser des activités multiples, concerts ou ateliers. Nous sommes en contact direct avec les habitants de Borny, ayant nos bureaux au sein de la BAM : nous y vivons et programmons régulièrement des événements, tels des rap sessions qui attirent beaucoup de jeunes du coin qui ne connaissaient pas forcément les codes de la culture. Nous organisons même un tournoi de foot à l’arrière du bâtiment annuellement ! Avec la BAM, nous sortons de notre confort de centre-ville pour être coeur des enjeux culturels et sociétaux actuels. »

2. ÉCLOSION
Marietta, Grand Blanc, Cascadeur ou Chapelier Fou2 : si beaucoup d’artistes de Metz explosent (inter)nationalement, c’est en partie grâce au soutien de La Cité musicale-Metz qui regroupe l’Orchestre national de Metz et l’EPCC Metz en Scènes (Arsenal, Trinitaires et BAM). Pierre Bertrand a pour rôle de contribuer à l’émergence et la reconnaissance de groupes locaux : « Nous soutenons les projets musicaux sous toutes leurs formes. En 2018, 28% des groupes programmés étaient issus du département. De plus, nous accompagnons une cinquantaine d’artistes par an via des scènes amateur, les éditions “découvertes” Du côté de Shebam ou notre programme Impulse qui accompagne deux groupes, durant deux ans, afin de les épauler dans leur démarche de professionnalisation.

Cette année nous avons sélectionné Pulsar et Room Me afin de les aider à se développer et à jouer dans divers festivals. » La chanteuse, violoniste et bassiste de Room Me s’est ainsi produite au dernier Printemps de Bourges.

3. ARTICULATION
La Cité musicale regroupe trois structures : L’Arsenal, les Trinitaires et la BAM. La transversalité fait partie des priorités de Pierre Bertrand et son équipe. Des exemples ? La création d’un spectacle réunissant Chapelier Fou et l’Orchestre national de Lorraine cette année et celle mêlant le pianiste et électronicien luxembourgeois Francesco Tristano3, le pionnier de la techno Derrick May et l’ONM l’an passé. Un grand moment vibratoire branché sur 220 volts. « Nous cherchons également à faire circuler les publics, notamment avec la naissance d’une carte d’abonnement de la Cité musicale ouverte aux musiques actuelles comme au classique. » Pierre Bertrand veut éviter de dissocier la programmation et les actions de la BAM et des Trinitaires, liés très fortement. Avec sa capacité de 1 200 places, la BAM peut accueillir de grosses têtes d’affiche comme Woodkid, à l’inauguration de la salle, mais aussi Christine & the Queens, Peter Hook (de Joy Division / New Order), Akhenaton, Brigitte, Camille, Juliette Armanet4 ou Yuksek. Autant de « marqueurs du lieu », selon Pierre Bertrand. La Chapelle des Trinitaires, avec ses 350 places, reçoit des projets plus confidentiels, dans un charmant cadre historique, sans pourtant remplir la fonction de « club de la BAM ».

4. MANIFESTATIONS
Bertrand Belin5 est l’invité d’honneur de l’anniversaire de la BAM. Cet artiste qui, avec son corps comme son esprit, nous laisse Sur le cul durant ses prestations entre chanson grave, chorégraphie désarticulée et stand up, partagera l’affiche (03/10) avec Chapelier Blanc & Grand Fou ou inversement. Les artistes messins à la reconnaissance dépassant largement les frontières du Grand Est proposent un programme inédit où Philémon ira faire un tour à Belleville le temps d’une soirée brisant les octaves ! Au menu des festivités également, il y aura bien sûr du hip-hop – genre musical dominant aujourd’hui – avec des groupes Incroyaux (Caballero & JeanJass, 04/10) et de l’electro avec Fakear 6, Dombrance ou Souleance (05/10).

5. COMMUNION
Pour Pierre Bertrand, la BAM, avec son infrastructure performante (excellente qualité acoustique et technique), mais sa dimension humaine, permet « de beaux moments de communion entre artiste et public, comme ça a été le cas avec Thérapie Taxi ou Feu! Chatterton7, dans un beau rapport de proximité scène / salle. » L’équipe de la BAM attend avec impatience la venue de Vanessa Paradis (24/10), artiste remplissant des Zéniths, mais ayant choisi de faire escale dans « la plus grande des petites salles française où l’on est immergés et connectés les uns aux autres ! »


Photo du concert de Lorenzo © Maude Jonvaux et la BAM, architecte Rudy Ricciotti © Cyrille Guir

À la BAM (Metz), du 2 au 6 octobre
citemusicale-metz.fr

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