Éloge du voisin

Cloître Maulbronn © Staatliche Schlösser und Gärten Baden-Württemberg, Günther Bayerl

L’année 2019 est placée sous le signe des relations franco-allemandes dans le Bade-Wurtemberg, où la nouvelle saison des Staatliche Schlösser und Gärten prend pour mot d’ordre : D’assez bons amis.

Châteaux classiques ou baroques, jardins, monastères et forteresses médiévales : le Bade-Wurtemberg abrite de nombreuses merveilles patrimoniales regroupées dans le réseau des Staatliche Schlösser und Gärten chargé d’administrer 59 sites d’exception. Zoomant cette année sur 14 monuments, un éclairage particulier est mis sur la relation complexe qu’entretiennent, depuis des siècles, ces “assez bons amis” que sont France et Allemagne. Sous-titrée “Passes d’armes, charme et art de vivre”, cette année thématique promet une promenade ludique haute en couleurs à travers des lieux comme le Residenzschloss Ludwigsburg dans lequel Charles de Gaulle tint un discours remarqué (en allemand) à la jeunesse le 9 septembre 1962, jalon essentiel dans la réconciliation. Le Général s’écriait : « L’avenir de nos deux pays, la base sur laquelle peut et doit se construire l’union de l’Europe, le plus solide atout de la liberté du monde, c’est l’estime, la confiance, l’amitié mutuelles du peuple français et du peuple allemand. » La promenade nous entraîne au Residenzschloss Rastatt (théâtre du coup d’envoi officiel d’une dense programmation le 7 avril) qui fut construit sur le modèle de Versailles à une époque où le français était la langue des élites et où l’architecture palatiale, érigée en modèle, était copiée dans toute l’Europe (tout comme l’art de vivre et la gastronomie).

Château de Rastatt © Staatliche Schlösser und Gärten Baden-Württemberg, Julia Haseloff

Autre étape marquante, le Kloster Maulbronn, fondé par des moines cisterciens, est sans conteste l’ensemble monastique médiéval le plus complet et le mieux préservé au nord des Alpes, l’endroit sur lequel souffle encore, intact, l’esprit de Cîteaux. Mais les liens entre les deux pays ne sont pas uniquement faits de culture partagée, mais aussi combats dévastateurs : ainsi le Château de Heidelberg fut-il détruit par les troupes françaises du général Ezéchiel de Mélac au cours de la guerre de la Ligue d’Augsbourg (en 1689 et 1693)… et jamais reconstruit intégralement, faisant figure d’archétype de la ruine romantique, même si c’est un autre Français, Charles de Graimberg, qui en releva une partie des murs au XIXe siècle pour lui donner son si séduisant aspect actuel. Ce sont de passionnantes histoires que narrent des édifices comme le Schloss Schwetzingen – avec son somptueux parc, œuvre de Nicolas de Pigage – qui abrite un théâtre rococo “à la française”, le premier du continent.

Château Schwetzingen © Achim Mende

Dans différents lieux du Bade-Wurtemberg, jusqu’au 31 décembre
schloesser-und-gaerten.de
assez-bons-amis.fr

Exposition Candide explorant les illustration de l’œuvre de Voltaire au Schloss Schwetzingen jusqu’au 22 avril
schloss-schwetzingen.de

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