Cordes à corps

Photo d’Alexandre Lacombe

Lancés dans une tournée anniversaire, Sylvain Luc & Stéphane Belmondo donnent suite, dans le cadre du Colmar Jazz Festival, à Ameskeri, leur premier album en duo réalisé il y a vingt ans.

Exceptionnel, ce concert “délocalisé” du Colmar Jazz Festival, l’est d’autant plus qu’il sera le premier d’un nouveau répertoire pour le guitariste Sylvain Luc et le trompettiste Stéphane Belmondo. Les spectateurs auront le privilège d’entendre en exclu’ le nouveau disque de deux musiciens prestigieux, 2.0 qui sortira le 18 octobre chez Naïve. Il y est question d’une série de compositions personnelles accompagnées de deux reprises : Un Homme dans la ville, inspiré de la BO écrite par le compositeur de film Philippe Sarde pour Deux Hommes dans la ville de José Giovanni (avec Jean Gabin & Alain Delon) et Ribbon in the Sky de Stevie Wonder, hit de la Motown du début des eighties. Sur ces morceaux, le duo a apporté une couche de mélancolie nouvelle, créant un cocon. On la doit à l’intimité du contexte.« Notre duo est né dans un club parisien, Le Baiser salé, où nous nous étions retrouvés à deux heures du matin et, par simple plaisir, avions joué jusqu’à l’aube », se rappelle Stéphane Belmondo. À l’époque, ils reprenaient Ménilmontant de Charles Trenet ou Chanson douce d’Henri Salvador. La simplicité cultivée, la rondeur de sa trompette et la respiration musicale laissent leur nouveau répertoire éclore dans une atmosphère feutrée. Le temps a fait son œuvre. En plus de se côtoyer depuis vingt ans et de développer une entente télépathique jusque dans les moments les plus improvisés, les deux hommes ont parfait des CV déjà bien remplis à l’époque. Issus de la même génération, ces deux personnages majeurs de la scène jazz contemporaine ont joué avec les plus grands depuis près de trente ans. De Sylvain Luc, il faut savoir que les aventures en duo lui sont familières : sa discographie répertorie pas moins de dix albums dans ce format, avec notamment l’accordéoniste Richard Galliano, le pianiste et batteur Bernard Lubat et le guitariste alsacien Biréli Lagrène. Pendant ce temps, Stéphane Belmondo croise aussi la route des légendes Yusef Lateef ou Milton Nascimento en plus de nouer des amitiés fortes en France (Jacky Terrasson, avec qui il a enregistré). Ces deux virtuoses savent tout faire, mais ont surtout le talent de réussir à oublier le geste : au final, c’est la beauté d’une combinaison de finesse et de douceur qu’on retient.


Aux Tanzmatten (Sélestat), mardi 17 septembre dans le cadre du Colmar Jazz Festival (du 1er au 23 septembre, voir Poly n°222 ou sur poly.fr)
Toute la programmation sur festival-jazz.colmar.fr

 

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