Feux follets

Photo de Laurent Philippe

Le premier programme du CCN – Ballet de Lorraine se veut Plus Plus avec quatre chorégraphes aux univers hyper expressifs.

Les trois pièces réunies par Petter Jacobsson pour lancer la saison du Ballet de Lorraine œuvrent en contrastes saisissants. Le directeur du Centre chorégraphique national ouvre le bal par sa dernière création avec Thomas Caley. Record of ancient things a l’énergie folle des soirées endiablées. En trois temps, la scène se transforme de théâtre en night-club, pour finir en arène. Jusqu’à l’épuisement, douze danseurs sautent à n’en plus pouvoir dans un écrin scintillant malgré l’obscurité ambiante. Le temps se distend, les danseurs tissent d’invisibles liens gestuels et s’enivrent de la musique signée Peter Rehberg jusqu’à l’extravagance, dans des costumes luisant de sequins ou se fondant dans le camouflage de leurs motifs. Ici rien n’est joué d’avance, tout ce reconstruit, de l’aérien au terrien, de l’avant vers l’arrière, de la solitude au milieu de la foule, à l’individualité du groupe. Survitaminé est aussi le trio de Saburo Teshigawara. Transparent Monster créée à la BAM de Metz en février dernier, explose en intensité, en arabesques dignes d’araignées d’eau.

Photo de Laurent Philippe
À corps et à Flot

Une ode charnelle aux fulgurances du corps. Sauvage ballet de gestes animés par une divinité absente. Cette figure de la danse contemporaine japonaise signe une pièce intime, perpétuant sa recherche « d’une nouvelle forme de beauté » sur des musiques de Debussy, Schubert et Bach. Clou de cette soirée, la création par Thomas Hauert de Flot. L’ancien danseur – passé notamment par la compagnie d’Anne Teresa de Keersmaeker – embarque 24 danseurs sur la Suite de Valses, op.110 de Prokofiev. Un regroupement hétéroclite en inventions mélodiques et variations dynamiques. Le fondateur de la compagnie ZOO à Bruxelles s’inscrit faussement dans la danse abstraite. L’improvisation reste sa marque de fabrique, la matrice de ses pièces : un mouvement initié par des danseurs fait réagir les autres pour créer de nouveaux développements chorégraphiques. Chacun est responsable de ses propres gestes, puisés dans des “principes physiques” partagés lors des répétitions, et s’adapte à l’organisation rhizomatique du groupe donnant corps à l’œuvre en cours. Tensions, conflits, négociations et autres pans des relations humaines se trouvent ici réunies dans leur éclat le plus pur.


À l’Opéra national de Lorraine (Nancy), du 14 au 18 novembre
ballet-de-lorraine.eu
opera-national-Ballet de Lorrainelorraine.fr

Record of ancient things sera jouée à La Filature (Mulhouse), mardi 19 et mercredi 20 mars 2019 dans le cadre
de la Quinzaine de la danse (12-23/03/2019 à l’Espace 110 d’Illzach) lors d’un programme dédié aux Ballets européens au XXIe siècle
lafilature.org
espace110.org

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