Aux racines du déni

Photo de Pascale Cholette

Dans l’intérieur bourgeois d’une ancienne famille de patron d’usine se noue un drame. Celui de la fin d’une époque, du temps venu d’une transmission des lieux, d’une liquidation du passé. Les Héritiers de Nasser Djemaï sont au chevet de la famille. Du moins la fille, Julie, architecte dont le mari infirmier subit, bon an mal an, cette belle famille lui permettant de mettre ses enfants au vert, mais qui lui pompe tant d’énergie. Il faut dire que la mère perd doucement la tête et refuse de partir d’ici. Jimmy, le cadet, s’il n’était si brillant et énergique à vous en mettre plein les mirettes, sa mythomanie et ses dettes en feraient un incroyable double de Serge le Mytho. La vieille tante, elle, veille en apparence sur ces deux générations tout en réclamant son dû en poussant à vendre le bien au plus vite. Les échos tchekhoviens distillés par l’auteur-metteur en scène – un lac sans Mouette et des cerisiers dans le jardin, la ruine qui menace et le temps pressant des décisions difficiles à prendre – ne sont qu’un prélude à un basculement sans retour vers un conte fantastique. Les fantômes des lieux vont revenir hanter les vivants, mais aussi permettre à Jimmy, éternel enfant bousculant les renoncements bien rangés des uns et des autres, de laisser éclater son ivresse de vie. (D.V.)


À La Comédie de Colmar, jeudi 5 et vendredi 6 novembre
comedie-colmar.com

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