Liste Roland Ries, maire sortant (PS)

Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?

Strasbourg se distingue par un nombre impressionnant d’initiatives passionnantes, un bouillonnement qui est la marque de fabrique de notre ville en matière de culture. Strasbourg figure ainsi toujours en tête des villes pour son budget culturel par habitant. Nous avons réussi à maintenir et même à renforcer cette dynamique malgré les signes évidents de crise. De 2009 à 2013 les subventions ont augmenté de 12.2%. De nombreux investissements ont été menés ou amorcés, parmi lesquels la rénovation du PMC qui permettra l’amélioration des conditions de travail de l’OPS, la rénovation de l’Opéra, celle du Palais des fêtes qui profite aux enseignements de la danse, le lancement d’un espace culturel dédié aux arts numériques (Shadok)  au sein du projet Seegmuller, ou encore la construction d’un nouveau théâtre du Maillon au Wacken.

Dans un contexte financier tendu, et tout en maintenant notre soutien aux structures qui assurent le rayonnement de Strasbourg, nous avons également réussi à dégager des marges supplémentaires pour des initiatives associatives (budget en augmentation de 35%).

Dans un esprit d’implication de tous nous avons engagé des méthodes de concertation et de co-construction. Nous avons notamment initié fin 2012 un atelier de projet concernant le spectacle vivant. Et la même démarche est en cours pour les musiques actuelles.

Renforcement de l’accompagnement des projets artistiques, développement des conventionnements avec des compagnies, évolution du système de subventions… ces innovations sont issues de décisions concertées, partagées.

Conformément à notre engagement de campagne en 2008 nous avons également œuvré pour une logique de proximité et d’amélioration des services à la personne. Nous avons ainsi conforté la politique culturelle dans l’action municipale et favorisé aussi la diversification et la démocratisation de l’offre culturelle. Les mondes associatif, de l’enseignement et de la formation se sont rapprochés -présence de l’Université à St’Art 2012, création de la Haute Ecole des Arts du Rhin, actions des musées, de l’OPS, du TJP en direction des quartiers, des jeunes et des personnes défavorisées…- . L’inter-culturalité a progressé grâce à l’orientation du centre culturel Django Reinhardt, aux appels à projets des TAPS. Des croisements ont été opérés avec l’urbanisme grâce à la Muz’, à Horizome à Hautepierre, à un nouveau forum du patrimoine en lien avec l’obtention du label « Ville d’art et d’histoire » et l’inscription de la Neustadt au patrimoine mondial de l’Unesco. La création de l’artothèque est un soutien concret aux artistes locaux et à la diffusion de l’art contemporain auprès du grand public.

Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoires aux Municipales ?

La culture était l’une des six priorités dans notre programme en 2008. Elle le restera pour la prochaine mandature.

Nous croyons que la culture est le point de rencontre des questions artistiques  – Strasbourg doit rester une référence nationale et européenne par la qualité des œuvres présentées dans les répertoires musicaux, théâtraux, de l’illustration, du numérique.. -, des questions de rayonnement – qui contribue grandement à l’image européenne de Strasbourg-, du social – englobant le soutien aux pratiques amateurs, aux initiatives interculturelles et cosmopolites-, et de l’emploi.

La culture c’est ainsi la façon dont nous vivons ensemble et donnons sens à ce qui nous est commun.

Nous poursuivrons donc les investissements nécessaires au rayonnement et à la notoriété nationale et internationale de Strasbourg. Et nous privilégierons aussi le droit de la personne, c’est-à-dire le droit à la culture. Qu’il s’agisse de permettre au plus grand nombre d’accéder à une pratique culturelle ou de voir des spectacles et des expositions d’excellence.

 

Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?

Nous avons pris en compte dans notre réflexion les élans manifestés dans le domaine des musiques actuelles et cultures urbaines qui sont manifestement à la croisée de l’innovation, du rayonnement, de l’urbanisme, au bénéfice d’un public large. Nous poursuivrons ainsi l’étude d’un possible centre dédié aux musiques actuelles et aux cultures urbaines qui intégrerait également toutes sortes d’expressions par la présence de salles adaptées. Il s’agirait aussi de mettre à disposition de la création artistique des lieux de répétitions, de préparations de spectacles et mettre ainsi de nouveaux outils de production, de diffusion et de médiation à disposition des équipes artistiques.

Ce lieu trouverait notamment un terreau fertile au quartier du Port du Rhin en pleine reconfiguration urbaine. La Coop, avec son ambiance de friches, et la manufacture des tabacs au cœur de la ville pourraient devenir des lieux emblématiques de la vivacité créative de Strasbourg aux côtés du futur pole Seegmuller et son « Shadok ».

La crise a fait fondre les budgets culturels dévolus par les collectivités territoriales : comment répondre à cet état de fait ?

Cette diminution n’est pas effective à Strasbourg. De 2009 à 2013 les subventions aux acteurs culturels ont augmenté de plus de 11% : 7,6% pour les plus grosses structures parmi lesquelles notamment Ososphères, Nuits européennes, Strasbourg-Méditerranée, Migrateurs, Choucrouterie, et 35% pour les plus petites.

La situation demeure néanmoins préoccupante, à Strasbourg comme ailleurs. La nécessité de maîtriser les dépenses publiques est un facteur désormais intégré par chacun. Et il revient aux élus d’assumer des règles vitales et de les expliquer à tous. Nous ne sommes plus au temps où tout dépendait financièrement de l’Etat et nous savons que les collectivités territoriales n’ont pas les moyens de supporter aujourd’hui l’équivalent d’un mécénat public exhaustif. Pour autant il n’est pas question de baisser les bras. Il dépend de chacun, artistes et politiques, militants associatifs et organisateurs, que la crise ne signifie pas le ralentissement, voire l’arrêt de la vie culturelle, mais soit au contraire l’occasion d’initiatives inédites et positives.

Strasbourg dispose pour cela de vrais atouts tel que son tissu culturel dense et inventif, de nombreuses structures ayant développé des réseaux et des collaborations internationales, le travail déjà entamé en termes de synergie et de mutualisation, la pratique de la coproduction dans les grosses structures du spectacle vivant…

Cela exigera de la discipline et de l’inventivité.. et une collaboration de tous les instants entre partenaires culturels.

Comment la culture peut-elle encore constituer un levier de croissance ?

Nous devons convaincre, et là aussi il s’agit de l’affaire de tous, le plus grand nombre de citoyens et de décideurs de la contribution réelle, importante, durable et prometteuse de la culture au développement de notre ville et de notre région, aussi bien sur le plan économique que celui du rayonnement. L’un et l’autre étant fortement liés.

La culture, ce sont des emplois, des échanges, des perspectives. Deux études, l’une régionale commanditée par la direction régionale des affaires culturelles, l’autre nationale, démontrent l’importance indéniable du secteur culturel sur l’emploi et la production de richesses. Dans ce cadre le levier passe par un rapprochement de secteurs trop longtemps séparés, la culture, l’économie, la formation, le social.

Des avancées significatives ont été amorcées en faveur de la prise de conscience de l’impact économique de l’activité culturelle. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé par exemple d’investir dans les industries créatives,  les usages et les cultures numériques. Des appels d’offre Tango et Scan se sont révélés des occasion très constructives d’articulation entre finalités artistiques et économiques.

D’autres évolutions ont été initiées dans le mécénat, intégré désormais dans la politique de la direction des musées de la collectivité.

Notre politique du patrimoine, un axe fort du mandat, a également permis entre autre de rapprocher la culture du tourisme qui est un vecteur essentiel d’activité économique dans notre cité.

 

 

 

 

 

 

 

 

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