Liste Fabienne Keller (UMP, MoDem)

Quel bilan pour la culture dans votre ville ces six dernières années ?

Le Maire sortant avait fait de nombreuses promesses pour la culture, les réalisations sont loin d’être à la hauteur. Tant du point de vue des grandes structures que de la culture de proximité. Le grand événement culturel d’été n’a pas vu le jour, la salle des musiques actuelles promise est restée lettre morte, le Palais des Fêtes est empêtré dans un chantier appelé à durer plus de 10ans, la rénovation de l’Opéra n’a pas été engagée, le lieu stratégique de l’Ancienne Douane a été retiré de sa vocation culturelle pour devenir un marché de producteurs… Strasbourg n’a pas rayonné à hauteur de son potentiel et n’a pas donné à l’ensemble des acteurs culturels de la ville les moyens, les soutiens et la considération nécessaires pour mener une politique culturelle riche, diverse, audacieuse et rayonnante à la hauteur du potentiel.

Quels axes de politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire aux Municipales ?

Pour moi la culture, et je dirais même les cultures, font partie de l’ADN de Strasbourg, métropole rhénane européenne et internationale. Je crois à la culture comme facteur de rayonnement, comme facteur de rassemblement, comme facteur de mieux vivre ensemble. Il y a selon moi 3 axes majeurs : être aux côtés des grandes institutions, à l’image de l’Opéra, et des festivals majeurs comme les “Artefacts” pour leur permettre de se renforcer et de rayonner encore davantage; être aux côtés de l’ensemble des acteurs de proximité et associations pour que la culture soit accessible à tous et vive dans l’ensemble des quartiers de Strasbourg et enfin développer une politique volontariste, tournée vers l’international pour que Strasbourg soit un vrai lieu d’innovation et de création. Une ville qui rayonne, qui inspire, qui offre les facilités à ceux qui veulent y exprimer leur talent. Strasbourg doit être la capitale des cultures européennes, la capitale du foisonnement.  La création contemporaine très présente dans les grands festivals de musique, de danse ou de spectacles vivants à  Strasbourg. Cela doit être mis en valeur et revendiqué collectivement.

Je souhaite également que les acteurs culturels dialoguent et échangent en permanence. Cela ne saurait être le résultat de rendez-vous convenus tels que des états généraux de la culture. C’est par la mise en place d’un espace de dialogue dédié aux acteurs culturels que nous pouvons encourager cela, je propose en conséquence, la mise en place d’un conseil culturel qui se réunira régulièrement et constituera un lieu d’échange entre les responsables culturels et la ville mais surtout entre les acteurs culturels entre eux et tous ceux qui contribuent à faire vivre et rayonner la culture dans notre ville. Mon projet pour Strasbourg repose sur la cohérence et le décloisonnement. Pour moi, il n’est plus possible aujourd’hui de traiter les différents sujets et leviers de développements de manière séparée. Par exemple, il n’est pas possible de traiter du numérique sans penser à la création numérique et au renforcement des entreprises de ce secteur. C’est la raison pour laquelle, la politique culturelle sera marquée comme toute mon action par le décloisonnement.

Quel serait alors le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?

Un projet culturel ne peut se résumer à une mesure, c’est l’addition et les synergies entre plusieurs politiques, avec une vision et une ambition qui permet d’avancer. Je lancerai un projet de lieu de représentation pour les musiques actuelles, nous travaillerons sur l’organisation d’un événement récurrent d’envergure européenne autour de la date du 9 mai avec des concerts, une biennale d’art, des expositions, des moments populaires. Nous travaillerons à la valorisation et aux échanges entre les différentes cultures présentes à Strasbourg et trop souvent cloisonnées. Nous ferons rimer culture avec rayonnement. Et surtout notre grand projet sera de faire en sorte que la Ville soit un partenaire actif de tous les Strasbourgeois et acteurs associatifs qui ont un projet culturel à Strasbourg pour les aider à le concrétiser.

La crise a fait fondre les budgets culturels dévolus par les collectivités territoriales : comment répondre à cet état de fait ?

La crise a fait fondre le budget de l’Etat en faveur de la culture de 4% en 2013 et de 2 en 2014. La ville de Strasbourg a également réduit son budget. Mais, je constate qu’une collectivité comme la Région Alsace a elle augmenté ses crédits en faveur de la culture de 15%. Une autre politique est donc possible. Je crois beaucoup à la force de rayonnement, de développement et bien évidemment, de créativité qui naît par la culture. C’est la raison pour laquelle, je m’engage à ce que le budget en faveur de la culture de la Ville et de la Métropole soient maintenues et si cela est possible, je les ferais progresser.

De plus, il y a plusieurs façons pour une collectivité d’aider les acteurs culturels : les aides financières mais aussi l’aide et l’expertise technique et les facilités matérielles. Si je suis élue, la Ville et la CUS continueront d’être aux côtés des acteurs culturels financièrement, comme je viens de le dire, mais nous serons également à leurs côtés pour les aider dans le portage et la concrétisation de leurs projets avec nos moyens techniques. Nous soutiendrons également la politique de mutualisation de l’agence culturelle. Enfin, la Ville, par le biais de sa politique de rayonnement et d’attractivité, à un rôle à jouer pour aider ses institutions culturelles a bénéficier de davantage de mécénats.

Comment la culture peut-elle encore constituer un levier de croissance ?

Pour moi la question n’est pas de savoir si la culture peut encore constituer un levier de croissance, mais plutôt de savoir comment peut-on se priver de la culture comme levier de croissance? Je suis convaincue que le développement des industries créatives et des industries de l’innovation est tout à fait stratégique pour la dynamisation économique de Strasbourg et de son agglomération. Nous avons des atouts à renforcer et développer en la matière, en lien notamment avec la Région Alsace. De plus, une ville attractive culturellement, l’est économiquement en donnant envie aux cadres et aux entreprises de s’installer chez nous.

Cette affirmation est pleinement démontrée par le récent rapport  (rédigé par l’IGC et l’IGF) rendu à la Ministre de la culture. Ce travail souligne que l’apport de la culture représente 3,2 % de notre PIB en valeur ajoutée. Cela représente 8 fois la contribution de l’industrie automobile, par exemple. Il est dès lors, nécessaire de ne pas considérer la culture uniquement sous l’angle de la seule dépense mais bien de son apport à l’économie et au développement de notre territoire.

Il est nécessaire de développer des passerelles plus fortes et plus visibles entre les acteurs de l’économie et ceux de la culture. Dans le même temps, une attention soutenue doit être portée aux acteurs culturels qui créent ou développent leurs entreprises. A Strasbourg, cela est particulièrement important par exemple pour les jeunes illustrateurs issus de la HEAR. Je pense aussi à la nécessité de porter une attention particulière aux designers.

La culture comme facteur de croissance et de développement économique sera l’un des piliers de notre bataille pour l’emploi.

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