Viva Hanna : Hanna Schygulla au Festival Augenblick

Clap de début pour la 17e édition du festival Augenblick dont l’invitée d’honneur se nomme Hanna Schygulla. Focus sur la programmation du festival de cinéma de langue allemande en Alsace.

Toute la richesse cinématographique d’Allemagne, de Suisse ou d’Autriche : voilà comment pourrait être résumée l’essence d’Augenblick. Une zone géographique dont les sept films en compétition reflètent la diversité. Parmi eux, Ich bin dein Mensch de Maria Schrader, étonnante variation sur les relations entre humains et robots, et Nö de Dietrich Brüggemann, questionnement sur l’amour. On attend aussi beaucoup de l’intriguant Next Door de Daniel Brühl, où une star de cinéma fait l’improbable rencontre d’un ancien agent de la Stasi qui semble en savoir beaucoup sur son compte… Mentionnons aussi un focus sur Fritz Lang et des sections jeunesse et documentaire fournies… Parmi de nombreuses avant-premières et raretés, notons Bruno Manser, la voix de la forêt tropicale, long métrage helvète qui connut un vif succès dans son pays, narrant la mystérieuse destinée d’un activiste écologiste en Malaisie, dans la forêt du Sarawak.

Mais le cœur du festival Augenblick consiste en une rétrospective consacrée à l’actrice allemande Hanna Schygulla, muse et « poupée de chair de Fassbinder » (qui la fit tourner onze fois), comme elle s’était un jour décrite, et égérie de l’Antiteater, troupe qu’il avait fondée à la fin des années 1960. Au fil des films, se dévoile une icône à la présence prégnante, une femme fatale, éternelle admiratrice de Louise Brooks. Le festival nous permet en effet de (re)découvrir son talent en six stations, promenade fassbinderienne au premier chef, puisqu’on y verra L’Amour est plus froid que la mort, son premier long métrage, matrice où les fondamentaux de sa grammaire artistique se mettent en place, encore mâtinée des influences de Straub ou Godard.

Grattant l’âme là où ça fait le plus mal, faisant fi de la notion de “convenable”, le réalisateur boulimique livre une description hallucinée de la société d’après 1945 : « Il a été le Balzac du cinéma allemand », résume Yann Lardeau dans l’essai qu’il lui a consacré. Et dans cette comédie humaine, Hanna Schygulla est une figure centrale. Ses personnages questionnent l’histoire de son pays que ce soit dans Effi Briest, adaptation du célèbre roman de Theodor Fontane ou Lili Marleen (en photo), film éblouissant permettant d’apprécier sa voix poignante, de celles qui vous font monter les larmes au bord de l’âme, avec ses douceurs et son indolence sensuelle. Sans oublier Le Mariage de Maria Braun, allégorie de la fin de la Guerre, entre volonté de s’en sortir à tout prix et inéluctables souffrances qui en découlent. Le portrait est complété par Le Faussaire, où Volker Schlöndorff pose son regard sensible sur le conflit libanais en guerre et De l’autre côté, opus devenu culte de Fatih Akın.


Dans les cinémas indépendants d’Alsace fédérés par le RECIT (Réseau Est Cinéma Image et Transmission), du 9 au 26 novembre
festival-augenblick.fr


Le public aura l’occasion de rencontrer Hanna Schygulla à Strasbourg, au Star Saint-Éxupéry après la projection du Faussaire (13/11) et au Mamcs (14/11) pour une soirée films & concert intitulée Vom Mensch sein in Ausnahmezeiten

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