Made in IEAC: céramique à Sarreguemines

Après deux ans d’absence, Made in IEAC revient à Sarreguemines, mettant en lumière les liens étroits unissant céramique et art contemporain.

C’est en bordure de forêt, dans un écrin de verdure bercé par le clapotis de l’eau que l’on découvre le Moulin de la Blies. L’ancien site faïencier reconverti en musée accueille pour la sixième fois Made in IEAC, exposition des meilleurs élèves diplômés de l’Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller. Les quatre heureux élus de la promotion 2020 – Solène Dietz, Maël Gros, Marie-Ange Huet et Chris Pelletier – ont été retenus pour « leur capacité à lier la création contemporaine au savoir-faire ancestral des arts du feu », insiste Véronique Doh, adjointe au maire de Sarreguemines en charge de la culture qui poursuit : « Réactualiser ces disciplines permet de valoriser ce qui a fait notre fierté par le passé. »

 

En écho à cet héritage, vaisselle et sculptures se côtoient, laissant voir toute la palette technique et créative des artistes. « La création pure permet de se laisser emporter par la matière et de faire parler ce qui est en nous mais j’aime tout autant jongler avec les contraintes qu’impose une pièce utilitaire », assure Chris Pelletier, qui signe ses œuvres sous le nom de Thi.bli. Formée à l’art du laquage, elle capte le regard avec des œuvres aux couleurs douces fourmillant de détails, ces « fioritures délicates » comme les appelle l’intéressée. Autour de ces créations étranges gravite un ensemble de bols épurés auxquels se greffent de petits personnages dodus, pied de nez malicieux à la frontière traditionnelle entre art et artisanat : « J’aime faire un pont entre les deux en donnant une dimension fonctionnelle à un objet d’art et vice-versa », explique-t-elle. Dans un registre tout à fait différent, les créations de Marie-Ange Huet sonnent comme un appel à la sobriété. Intriguée par la texture de l’argile dont la douceur lui rappelle celle de la peau, cette passionnée de pensée japonaise décline l’ensō, symbole de vacuité dans la calligraphie nippone. Sa série intitulée Le Poids du vide conjugue l’épure et la robustesse en associant un service à thé traditionnel à une sélection de sculptures en grès décorées aux jus d’oxyde. Deux ans après leur sortie de l’IEAC, les anciens élèves jettent un regard ému sur leur passage à l’institut guebwillerois. Ce cursus professionnalisant signe souvent la fin d’une longue période de formation mais également d’une quête plus personnelle : « En arrivant je n’avais pas réellement d’identité propre. C’est là que je me suis trouvée en tant qu’artiste », se souvient Marie-Ange Huet. L’exposition, espère-t-elle, contribuera à changer le regard du grand public sur les arts du feu : « Même si la céramique se fait une place dans l’art contemporain, pour la plupart des gens nous faisons juste des pots, constate-t-elle avec humour. Les pots, c’est très bien mais la céramique ce n’est pas que ça ! »


Au Moulin de la Blies (Sarreguemines), jusqu’au 31 juillet
sarreguemines-museum.eu

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