Initials SG : Serge Gainsbourg à Erstein

©INA-Louis-Joyeux

Point fort de l’événement Gainsbourg ? Affirmatif ! une exposition éponyme à Erstein permet de plonger dans l’univers du grand Serge grâce à photographies et souvenirs.

Il nous a quittés il y a trente ans. La présence de Serge Gainsbourg (1928- 1991) demeure néanmoins vive en nos mémoires. Le souvenir de l’icône est convoqué dans les salles lumineuses de l’Etappenstall à travers notamment des clichés de son ami Pierre Terrasson qu’il rencontra en 1978. Photographe star des stars de la scène musicale des eighties – de Bowie à U2 – il shoote le chanteur à de multiples reprises. On le retrouve, paquet de Gitanes à la main, à l’aube de ses 60 balais, regard fiévreux et fatigué sur la scène du Zénith en 1988, mais aussi sur celle du Casino de Paris en 1985, en Gainsbarre fringuant et provocant, à la glorieuse époque de Love on the beat… Plus émouvants encore sont les instants saisis au cours des répétitions au Palace, pour la tournée Aux Armes et cætera de 1979. Les photographies qu’il a réalisées à son domicile parisien du 5 de la rue de Verneuil sont de véritables natures mortes éclairant la personnalité de l’artiste mieux que le plus réussi des portraits : à l’abri des murs noirs de son hôtel particulier, s’entassent avec raffinement des cataractes d’objets qui tiennent autant du cabinet de curiosités que du bric-à-brac de génie. Cet univers foisonnant – où des antiquités précieuses voisinent avec des casquettes de flic – figé et ordonnancé avec rigueur, nous en dit beaucoup sur son maître.

Documents de la Sacem, vidéos – on retrouve avec joie la scène culte où il “drague” Whitney Houston en direct sous les yeux ébahis de Michel Drucker – ou pochettes de disques restituent sa trajectoire. Le visiteur y arpente une galerie de portraits dédiée à ses muses, de Birkin à Bambou, via BB pour les plus célèbres. On retrouve aussi l’ex-Zouk Machine Joëlle Ursull, pour qui il composa White and Black Blues à l’occasion du Concours Eurovision. C’était en 1990, il y a une éternité. Une section est également dédiée au Cinéma de Gainsbourg avec ses aspects moins connus (comme sa participation à un épisode des Cinq Dernières Minutes, en 1965) et plus célèbres. Plusieurs clichés documentent ainsi le tournage du clip de la chanson d’Indochine Tes Yeux noirs, dont il fut le réalisateur, en 1985. Si l’on découvre aussi des œuvres de street art signées Jean Yarps ou Jérôme Mesnager, ce sont deux photos de 1984 réalisées par Patrick Duval qui séduisent le plus. Dans l’une, Gainsbourg, revolver à la main, met en scène sa mort par suicide. Dans l’autre, il pose à poil. Langoureux et méditatif à la fois. Éros et Thanatos. Provoc’ et profondeur. Comme un fulgurant résumé de l’existence de l’auteur du trop mésestimé Équateur.


À l’Etappenstall (Erstein), jusqu’au 14 novembre
ville-erstein.fr 

> Conférence et dédicace de Philippe Nicolas, auteur des Fleurs jumelles à la Médiathèque d’Erstein (05/11, 16h) et à la brasserie Le Tigre de Strasbourg (06/11, 16h)

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