Des animaux et des notes avec Piano au Musée Würth

Portrait du Trio Zadig par Bernard Martinez

La cinquième édition de Piano au Musée Würth explore la place des animaux dans la musique classique avec un programme dense, où se croisent jeunes pousses et talents confirmés.

Après une édition 2020 annulée, le directeur artistique du festival Olivier Érouart tenait à « réinviter les artistes qui n’avaient pas pu se produire. Nous avons adapté avec eux le programme des concerts afin qu’il épouse la thématique de l’année : les animaux dans la musique. » Impossible dans ce contexte de ne pas donner Le Carnaval des animaux, grande fantaisie zoologique que l’Orchestre du Conservatoire de Strasbourg et Manuel Mendoza interpréteront avec les géniaux textes de Francis Blanche (14/11), qui définit ainsi le pianiste : « Un mammifère concertivore digitigrade. Vit le plus souvent au haut d’une estrade. » L’œuvre de Saint-Saëns sera accompagnée de pages sud-américaines, comme les aériens El Cóndor pasa et Avecilla. Au rayon jeunesse, citons aussi les élèves de l’École de musique d’Erstein – pour un spectacle intitulé De drôles de zèbres (13/11) – et le futur (très) grand qu’est Virgile Roche (14/11), vingt ans et quelques et un immense talent. Dans son récital, Le Moustique de Mel Bonis volète aux côtés de L’Alouette de Glinka et des Petites esquisses d’oiseaux de Messiaen. On retrouve les volatiles de l’immense compositeur français – Rouge gorge, Merle noir et compagnie – dans le concert de Clément Lefebvre (12/11), lauréat de l’ultra-sélectif concours Long-Thibaud-Crespin, en 2019. Ils voisinent avec La Poule caquetante de Rameau ou les Oiseaux tristes de Ravel.

En ouverture du festival, se déploient les charmes vocaux des Métaboles1, épatant chœur dirigé par Léo Warynski (11/11), pour un programme 100 % Brahms où évolue notamment un gracieux rossignol (Nachtigall, sie singt so schön), tandis que les trois garçons dans le vent du Trio Zadig (13/11) croisent Beethoven et Tchaïkovski. À côté de ces monuments, hommage sera rendu au trop oublié Auguste Schirlé2 à l’occasion du cinquantenaire de sa disparition (14/11) : le violoniste Joseph Offenstein et le pianiste Christian Finance rendent justice au natif d’Epfig dont l’œuvre est pétrie d’une double culture allemande et française. C’est aussi de cela dont il s’agit dans le récital de la virtuose du clavier qu’est Claire Désert (14/11), artiste discrète d’une grande intégrité, qui fait voisiner des extraits des Préludes de Debussy et des pièces de Schumann, un répertoire dont elle est une immense interprète. Parmi elles, ses Waldszenen (Scènes de la Forêt), recueil de neuf miniatures délicates explorant la fascination germanique pour l’univers sylvestre dans lequel poussent des Fleurs solitaires ou trille un Oiseau prophète justement nommé, puisqu’il préfigure toute la galaxie ornithologique d’Olivier Messiaen, qui verra le jour une centaine d’années plus tard.


Piano au Musée Würth (Erstein), du 11 au 14 novembre
musee-wurth.fr

En résonance se déploie Bestĭa (07/11/21-07/09/22) montrant Les Animaux dans la collection Würth. Les œuvres de Baselitz, Richter, Max Ernst, et consort y dialoguent avec des spécimens du Musée zoologique de Strasbourg.

1 Voir Poly n°233
2 Le quatuor Florestan lui rend aussi hommage dans un concert à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (19/11) – bnu.fr

vous pourriez aussi aimer