Born in the favelas : Cria de la compagnie Suave

CRIA © Renato Mangolin

Depuis plusieurs années, la compagnie Suave tourne l’une de ses pièces fondatrices, Cria. Dans un mélange de rudesse et de vitalité brute, s’y expose la vie quotidienne des favelas de Rio. Dès 2007, la chorégraphe Alice Ripoll est invitée par une ONG à y donner cours. L’aventure s’ancre et donne naissance à deux collectifs (REC et Suave), mêlant danseurs amateurs et professionnels. Cria joue de la polysémie de criar en portugais, signifiant “créer” mais aussi “élever”. Elle pointe une « violence légalisée et autorisée par le gouvernement brésilien » à travers l’exposition d’une plaque de rue au nom de Mariella Franco (Conseillère municipale et activiste de Rio victime d’un assassinat politique en 2018) et de slogans explicites (« Dehors Bolsonaro », etc.).

Même les règlements de compte entourant la salle de répétition se retrouvent propulsés dans le spectacle. Mais cette toile de fond réaliste n’entrave pas la mosaïque chorégraphique réunissant, sur fond de musiques endiablées, danses urbaines et influences traditionnelles brésiliennes. Ainsi retrouve-t-on la vitalité des rythmes de jambes de la samba, mâtinés d’isolation des membres empruntée au break. La sensualité hyper-sexualisée du twerk voisine avec celle d’une danse des cheveux et de positions sur les talons empruntées au voguing. Les saccades collectives prennent des airs passinho (alliance du funk et de la danse contemporaine), là où les duos très contemporains tétanisent les corps d’intensité.


Au Théâtre de Montbéliard, mardi 30 novembre
mascenenationale.eu

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