Un Barbier décoiffant

Pierre-Emmanuel Rousseau © Thomas Lang

Après Le Nozze di Figaro l’année passée, l’Opéra national du Rhin ouvre sa saison avec une autre adaptation de Beaumarchais : Il Barbiere di Siviglia de Rossini est mis en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau.

Vous êtes spécialiste d’un répertoire léger et pétillant : Il Turco in Italia et Le Comte Ory de Rossini, Viva la Mamma ! ou Don Pasquale (la saison passée, à Metz) de Donizetti. Cette étiquette vous plait-elle ? Ce sont des cadeaux pour moi : de telles œuvres sont des mécaniques comiques de haute précision où il est possible d’aller plus loin dans la direction des chanteurs que dans d’autres opéras. Cela dit, j’ai le désir d’explorer également de nouvelles voies, rêvant, par exemple, de monter Peter Grimes de Britten, Powder Her Face de Thomas Adès ou Jackie O de Michael Daugherty.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans Il Barbiere di Siviglia ? La notion de divertissement : il n’y a pas de honte à faire des spectacles populaires, joyeux et légers qui ne sont pas forcément parcourus d’un grand message. Dans ce Barbiere, l’arrière-plan politique de la pièce de Beaumarchais est totalement occulté par Rossini.

 Quels sont alors les enjeux de l’œuvre ? Pour moi, il est impossible de faire abstraction des deux autres volets de la trilogie de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro et La Mère coupable. Si les personnages sont réduits à des stéréotypes chez Rossini, je les nourris de ces deux ouvrages. Le comte Almaviva n’est ainsi pas un jeune premier, mais un héritier cynique et blasé. Dans l’ensemble, personne n’est sympathique : tous les protagonistes sont égoïstes… et le plus égoïste de tous demeure Figaro. Comme dans les comédies italiennes de Dino Risi, plus les personnages sont dégoutants plus c’est drôle.

Dans quel cadre avez-vous installé ce divertissement ? J’ai imaginé un palais délabré où l’escalier s’est effondré, dont portes et fenêtres sont murées. Dans une Espagne de pacotille, les personnages évoluent vêtus de costumes tout droit sortis d’un tableau de Goya – le seul peintre qui représente les membres de la famille royale d’Espagne avec leurs vrais traits, ceux de monstres – qui aurait mis les doigts dans la prise !

À l’Opéra (Strasbourg), du 18 au 28 septembre

À La Filature (Mulhouse), dimanche 7 et mardi 9 octobre

operanationaldurhin.eu

 Rencontre avec Pierre-Emmanuel Rousseau, lundi 17 septembre à la Librairie Kléber (Strasbourg) – librairie-kleber.com

 

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