Toutes les voix du hautbois

Photo de Stéphane Louis pour Poly

Pour cette ultime série de concerts décentralisés de la saison, l’Orchestre philharmonique de Strasbourg propose un passionnant kaléidoscope musical en compagnie de son hautbois solo Sébastien Giot.

Le programme de la soirée, placée sous la baguette tonique de Thomas Herzog, s’annonce dense et multifocal avec Le Bœuf sur le toit de Darius Milhaud (une musique de ballet créée en 1920 dans des décors de Raoul Dufy), fantastique voyage dans les sonorités populaires du Brésil empli de références appuyées au tango, à la rumba et au fado, mais aussi de réminiscences colorées du Carnaval de Rio. Également au menu, la première création orchestrale du hongrois Zoltan Kodaly, le poème symphonique post-romantique Soirée d’été (1906) et la Symphonie n°100 “Militaire” (1794) de Haydn qui doit son surnom, comme l’explique Marc Vignal (dans sa contribution au Guide de la musique symphonique publié chez Fayard), « à l’importante percussion “turque” (triangle, cymbale, grosse caisse) utilisée dans le deuxième mouvement et à la fin du dernier ».

Une œuvre cependant retiendra plus notre attention, le Concerto sopra motivi dell’opera La favorita di Donizetti d’Antonio Pasculli (1842-1924), compositeur et interprète de génie qui demeure mal connu. Elle sera interprétée par Sébastien Giot, entré à l’OPS au poste de hautbois solo à vingt ans, en 1999. S’il nous éblouit sur la scène de Palais de la musique et des congrès, occasion est donnée de l’entendre en soliste dans une œuvre écrite par « le Paganini du hautbois. Pasculli, ne trouvant pas de page assez virtuose pour mettre son instrument en valeur, décida de composer des fantaisies inspirées, le plus souvent, d’opéras à la mode de Meyerbeer, Verdi ou, comme ici, Donizetti. » Écrite à l’origine pour hautbois et piano, l’œuvre a été orchestrée par le directeur du Conservatoire de Perpignan, Daniel Tosi : on y découvre la richesse de la palette sonore d’un instrument traité de manière totalement nouvelle pour l’époque. Auparavant, le hautbois était en effet utilisé de façon chantante et plutôt lente. Ici, « les sonorités sont inédites et se font plus expressives dans une partition d’une difficulté technique incroyable qui a aussi révolutionné les techniques instrumentales avec l’utilisation de la respiration continue. » Il s’agit d’inspirer – donc de reprendre de l’air – tout en continuant à jouer, le souffle se faisant ainsi ininterrompu…  Indispensable pour rendre toute la fluidité d’une pièce virevoltante.

À Orschwiller, en l’Église Saint Maurice, mercredi 4 juillet
À Villé, en l’Église, jeudi 5 juillet
03 69 06 37 06 – www.philharmonique.strasbourg.eu


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