The Enforcer

San Franscisco, début des années 1980 : The Dream is over. Autour d’une histoire de tueur, plongée dans une époque crépusculaire avec un Colin Wilson au sommet de son art.

Une Wonderball c’est un peu comme un Œuf Kinder : une sphère de chocolat et une surprise à l’intérieur. En l’occurrence des soldats en plastoc. C’est également le surnom de l’inspecteur Spadaccini de la police de San Francisco en raison de sa propension à en consommer des quantités industrielles. L’action de cette nouvelle série scénarisée de (deux) main(s) de maître par Jean-Pierre Pécau et Fred Duval (notamment créateurs de l’uchronie en bandes dessinées Jour J) se déroule en 1983. Depuis le toit d’un immeuble, un tueur abat neuf personnes en neuf secondes, en plein centre-ville. Les neuf balles de son chargeur atteignent toutes leur but, tuant des passants innocents. Notre flic – réputé le plus cintré de la police de Frisco – va mener une enquête qui s’annonce d’autant plus difficile qu’elle semble reliée à l’assassinat de JFK par Lee Harvey Oswald, vingt ans plus tôt. Le tueur aurait-il des pouvoirs surnaturels ? Serait-il dopé ? Quel lien existe-t-il avec un programme d’entraînement des soldats d’élite nazis ? Qui est derrière tout cela ? Le mystère est épais, mais s’éclaircit peu à peu dans une atmosphère évoquant un improbable mélange entre la saga Dirty Harry (à laquelle cet article emprunte son titre puisque The Enforcer a été – mal – traduit par L’Inspecteur ne renonce jamais) et le Scorcese de Mean Streets. Pour rendre l’ambiance crépusculaire d’un univers où les rêves peace & love des hippies ont irrémédiablement sombré dans la came des junkies, Colin Wilson, auteur des plus belles pages de La Jeunesse de Blueberry, fait merveille. Son trait – qui évoque bien souvent celui de Gir – plonge le lecteur dans une atmosphère interlope résumée de manière éclatante par la citation d’Antonio Gramsci placée en exergue de l’album : « Un monde se meurt, un nouveau monde tarde à apparaître… Dans ce clair-obscur apparaissent les monstres ».

Le Chasseur, volume 1 de Wonderball est paru chez Delcourt (14,50 €) Rencontre-dédicace avec Colin Wilson et Jean-Pierre Pécau, mardi 7 octobre de 15h30 à 18h30 (uniquement sur réservation, places limitées) à la Librairie JDBD, 36, quai des Bateliers à Strasbourg)

www.editions-delcourt.fr

 

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