Tableaux d’honneur

© Esther Haase / DG

Charmante et exigeante, précise et expressive, la jeune pianiste Alice Sara Ott donne un récital au Festspielhaus de Baden-Baden. Au programme, les fascinants Tableaux d’une exposition de Moussorgski.

C’était en 2011, au Festspielhaus de Baden-Baden, déjà. Nous la rencontrions dans sa loge quelques heures avant qu’elle ne dompte brillamment les grands classiques de la sonate pour piano seul de Beethoven (qu’elle a enregistrés chez DG), telle une cow girl inspirée faisant rendre grâce à un bronco sauvage. Ce soir de novembre, la toute jeune Alice Sara Ott (née en 1988) allait impressionner son public, pieds nus et robe de mousseline, par son interprétation pleine d’assurance et de profondeur d’un répertoire dans lequel nombre de pianistes plus âgés partent en dérapage plus ou moins contrôlé. En interview, le discours était bien rôdé : une découverte du piano à l’âge de trois ans, au cours d’un concert à Munich, et la « ferme volonté, tout de suite, d’en faire mon métier. Très vite j’ai aussi eu la certitude absolue que la musique était quelque chose qui allait bien au-delà des mots et qu’en maîtrisant cette langue, je pourrai me faire comprendre de tous » expliquait-elle. Ensuite, la musicienne germano-japonaise fut l’élève, pendant huit ans, de Karl-Heinz Kämmerling. Elle affirme en outre être admirative d’Arturo Benedetti Michelangeli dans Ravel, du Beethoven d’Emil Gilels ou de Glenn Gould pour Bach dont elle envisage d’enregistrer les Variations Goldberg. Il y a pires références…

Représentative d’une scène classique de plus en plus glamour – comme Yuja Wang, Hilary Hahn ou les filles du Quatuor Zaïde –, Alice Sara Ott cache sous son joli minois une volonté de fer et des options artistiques affirmées. On le découvrira dans ce récital composé de pages de Mozart et de Schubert – sa Sonate pour piano n°17 “Gasteiner” – et, surtout, des Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Avant d’être une des œuvres pour orchestre les plus célèbres du répertoire (le plus souvent jouée dans l’orchestration de Maurice Ravel, mais il y en eut quantité d’autres), il s’agit d’une série de dix pièces pour piano. La virtuose les cisèle avec grande élégance – se faisant parfois un peu trop altière – se glissant au plus profond de la partition, épousant chaque note avec délicatesse et âme pour nous proposer le plus beau des voyages, du Marché de Limoges à La Grande porte de Kiev.

À Baden-Baden, au Festspielhaus, vendredi 7 février
+49 7221 3013 101 – www.festspielhaus.de
www.alice-sara-ott.com

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