Solitudes habitées

La deuxième édition de Melting Pot, festival de cirque contemporain organisé par Les Migrateurs au Théâtre de Hautepierre, fait la part belle aux artistes finlandais. Plongée en des rencontres agitées.

En pleines négociations avancées avec leurs tutelles pour la formation d’un Pôle national des Arts du Cirque en collaboration avec l’Espace Athic (Obernai), l’association Les Migrateurs offre un panorama des créations circassiennes contemporaines. « Nous sommes soucieux de montrer des singularités, des solitudes habitées à un point tel qu’elles ouvrent tous les champs artistiques », affirme le directeur Jean-Charles Herrmann. Hasard des formes, pas moins de six solos égrèneront les quatre jours de festival, « autant d’arbres cachant des forêts esthétiques et politiques. Des choses étranges qui montrent que l’explosion du cirque il y a 25 ans, produit une déstructuration semblable à celle de la danse dans les années 1980, ouvrant un endroit de tous les possibles que nous accompagnons et décomplexons. »

http://youtu.be/6mcxqgdB18o

Le voyage commencera dans les illusions d’Une séance peu ordinaire de Jani Nuutinen, magicien finlandais passé maître dans l’art d’escamoter et de bricoler le réel à son compte, donnant vie aux objets sous des yeux ébahis. Son compatriote de la compagnie WHS, Kalle Hakkarainen, formé aux acrobaties et flirtant avec le déséquilibre propose de la “magie nouvelle” mâtinée de vidéo. Nopeussokeus (fulgurante cécité) explore la dilatation du temps, lorsque les secondes s’éternisent dans un ralenti diablement reproduit par l’interaction de son corps avec des images projetées. Une poésie sensible qu’effleure aussi, tout en toucher et en finesse, Mika Kaski, artiste aperçu chez le chorégraphe François Verret et dans le Qu’après en être revenu[1. Spectacle présenté au Maillon-Wacken en collaboration avec Les Migrateurs, au mois de mars, lire ici l’article que nous lui avions consacré ] de Jean-Baptiste André[2. Il présente Dis-moi ce que tu vois, je te dirai… & Papiers découpés, deux formes courtes (dès 6 ans), bouclant une longue série de rendez-vous strasbourgeois]. Évoluant sur les mains et (surtout) les yeux bandés dans un espace réduit, il vogue, porté par la force tranquille d’un équilibrisme puissant et sûr de son art. Sylvain Decure (diplômé du Centre national des Arts du Cirque) sera quant à lui bien sur ses deux jambes… mais dans un bocal vertical d’un mètre cube ! Demain je ne sais plus rien possède les atours de la poésie et les détours du burlesque, des tonnes de sacs plastiques et une langue bien pendue pour narrer le non-sens sans queue ni tête sortant de la sienne, de tête. Étonnant et déroutant à souhait !

À Strasbourg, au Théâtre de Hautepierre, du 13 au 16 juin
09 50 88 09 50 – www.lesmigrateurs.org

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