Septième ciel

© Emiliano Pellisari

De l’Enfer au Paradis, inspiré de La Divine comédie de Dante, relève d’un art inclassable, au croisement du cirque, de la danse et de la magie. Un spectacle visuel à couper le souffle qui fait voyager l’âme de la terre au ciel.

Du jamais vu. Si l’expression est souvent galvaudée, il n’y en a pas d’autre pour évoquer ce spectacle hallucinant et halluciné sorti du cerveau de l’Italien Emiliano Pellisari. La magie est aux commandes. L’onirisme irrigue ce voyage de l’Enfer au Paradis, avec escale inévitable au Purgatoire. Dante Alighieri pouvait-il imaginer, en ce début de XIVe siècle, que son incroyable poème allait donner vie à des anges défiant la pesanteur, quelques sept cents ans plus tard ? Évidemment non… Pour la bonne raison qu’il ignorait l’existence de ce diable de Pellisari, dont les talents multiples servent divinement la folie créatrice. S’il est chorégraphe, d’aucuns le définissent davantage comme un architecte du corps humain. Grand connaisseur du théâtre fantastique de la Renaissance et des inventions mécaniques du XVIIe siècle, il appuie l’illusionnisme de ses créations scéniques, véritable défi pour la curiosité du spectateur, sur un titanesque travail technique, stratagème d’artisan tenu secret, évidemment invisible.

Lorsque les danseurs se mettent à voler, inventant des figures célestes inaccessibles au commun des mortels, ni les yeux, ni l’esprit ne sont en mesure de comprendre, mais l’âme s’épanouit devant cette pure beauté qui l’appelle. Composé en trois tableaux, du bas vers le haut, le spectacle suit le chemin initiatique du chef-d’œuvre. En Enfer, les corps nus nagent dans les ténèbres, déchirés entre amour et violence, cherchant à s’extraire de ce monde obscur comme un tableau de Jérôme Bosch. Soulevé par un vent diabolique, un couple s’envole vers le ciel dans une étreinte infinie, tandis que les âmes des anciens flottent dans les limbes et qu’anges et démons se livrent un combat féroce au son d’une musique electro-orientale. Au Purgatoire, les corps planent majestueusement au cœur d’une sphère, symbole du divin dans la représentation classique. Sous le souffle de Mozart, Vivaldi et Stravinsky, les danseurs volants jouent avec d’énormes ballons, arpentent des couloirs et des escaliers qui partent dans tous les sens, comme sortis d’une toile d’Escher. À la façon d’un kaléidoscope humain, les six artistes évoluent d’une figure à l’autre en un simple battement de leurs ailes invisibles, certains bondissant jusqu’à six mètres de hauteur. En atteignant enfin le Paradis, les âmes des ressuscités jaillissent de la poitrine de créatures angéliques inspirées par Dalí, tandis que les chants grégoriens  croisent les musiques de Stockhausen et Steve Reich pour ouvrir de nouvelles portes. Mais qu’y a-t-il au-dessus du Paradis ?

À Saint-Louis, à La Coupole, mardi 3 décembre
03 89 70 03 13 – www.lacoupole.fr

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