Natural born romantic

© Jim Rakete / Sony classical

Il est LE baryton de ce début de XXIe siècle : trois récitals de Christian Gerhaher permettent de glisser avec bonheur dans les replis délicats de la voix de cet interprète hors pair de Schubert et Schumann.

Si Christian Gerhaher excelle à l’opéra dans des personnages aussi exigeants et variés que ceux de Wolfram von Eschenbach du Tannhäuser de Wagner dans le rôle-titre du Wozzeck de Berg ou dans celui de Pelléas, se montrant un debussyste d’exception, il s’est avant tout imposé sur la scène internationale dans le répertoire du Lied. En cela, le baryton met ses pas dans ceux de son mentor, l’illustre Dietrich Fischer-Dieskau. Sa diction ciselée d’une évidence dénuée de toute affèterie et de tout pathos, l’attention portée aux mots, un chant limpide fait d’une infinité de variations et de nuances, mais aussi l’osmose l’unissant à son complice de toujours, le pianiste Gerold Huber qui sait modeler avec précision les atmosphères baignant ces courtes pièces, font de chacune de ses prestations un événement.

Romantique en diable, Christian Gerhaher est actuellement le plus excitant interprète des œuvres de Schubert et de Schumann. On le découvrira avec le Winterreise (Festspielhaus, 11/11) du premier dont il livra un enregistrement devenu une référence. Sa voix se coule avec ductilité dans les atmosphères glacées et solitaires de ce Voyage d’Hiver tout en intériorité, où la neige est peuplée d’angoissantes ombres, celles de chiens hurlant au désespoir, de girouettes grinçant de sinistre manière ou de corbeaux, messagers de la mort. Sur les 24 poèmes de Wilhem Müller, Schubert compose une errance sonore désespérée et peuplée de spectres, à peine illuminée par quelques courts instants de répit auprès d’un apaisant tilleul. Chaleur et consolation semblent absentes de la trajectoire fatale d’un homme trahi par son aimée et sombrant dans la folie. D’une tonalité générale également mélancolique sera le récital consacré à Schumann du virtuose (Cité de la Musique, 27/01/2017) : l’occasion de se souvenir que le musicien était un véritable double sonore du poète Heinrich Heine avec notamment le Liederkreis opus 24. Également au cœur du concert luxembourgeois (21/11), le romantisme du compositeur allemand – éclatant dans les trop rares Kerner Lieder – sera ensoleillé par Les Nuits d’été de Berlioz, incursion lumineuse et so french dans ce bloc germanique.

Au Festspielhaus (Baden-Baden), vendredi 11 novembre
www.festspielhaus.de
 
À La Philharmonie (Luxembourg), lundi 21 novembre (dans le cadre du Luxembourg Festival, jusqu’au 24/11)
www.philharmonie.lu
www.luxembourgfestival.lu
 
À La Cité de la Musique (Paris), vendredi 27 janvier 2017
www.philharmoniedeparis.fr
 
www.gerhaher.de

 

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