Metz sous les bombes

La 4e Zone urbaine créative qui s’inscrit dans la East Block Party #8 de l’Arsenal et la BAM expose des œuvres de pointures internationales : The New Face of Graffiti.

Alors que l’Art urbain – le graff en tête ! – s’est lentement imposé dans les musées depuis la fin des années 1990, L’Arsenal – Cité musicale-Metz, la parisienne By Night Gallery et la messine TATA Galerie offrent un tour d’horizon de la discipline avec des grands noms européens et américains mélangeant techniques et courants. Du rétro-futurisme peuplé de personnages lumineux et tout en rondeurs de Golden Green aux couleurs pop du madrilène Okuda San Miguel, qui transforma une église abandonnée d’llanera dans les Asturies en skatepark aux personnages psychédéliques, le tour du monde se fait à l’aérosol comme au Posca. Et ce n’est pas JonOne, new-yorkais installé à Paris depuis plusieurs décennies, qui s’en plaindra. Cette figure de proue des writers, au poignet aussi aiguisé qu’un maître japonais, dessine une calligraphie toute en répétitions et coulures, dans un art du remplissage des murs comme des toiles, digne d’un Keith Haring ou d’un Seen. Preuve s’il en fallait de qualités picturales allant bien au-delà de simples quête égo-trip de reconnaissance et de territoire. Témoin privilégié de l’engagement d’artistes de cette trempe, Silvio Magaglio ouvre l’exposition avec deux décennies de photographies (1995-2015) au plus près de ces esthètes radicaux du geste pur.

Mais la réussite de cette exposition réside surtout en sa thématisation permettant, bien plus que de regrouper des stars du milieu, d’explorer les champs actuels d’une pratique polymorphe se tournant aussi aisément vers le numérique que l’Art contemporain le plus pointu. Avec les projets d’identités visuelles de 2Shy, le graffiti montre qu’il continue de coller à l’air du temps, qu’il s’adapte à merveille aux codes actuels de la communication – pour ne pas dire qu’elle récupère sa force picturale et son attrait –, lui qui a grandi en les détournant et les supplantant dans un jeu d’occupation infini. Le belge Sozyone Gonzalez a eu plusieurs vies : break-dancer dans les eighties, graffeur dans les nineties et artiste de galeries au tournant du siècle avant de se lancer en MC hip-hop, il ne lâcha jamais sa pratique de rue, sauvage ou monumentale sur façades, superposant les motifs pour donner vie à des illustrations murales ou créant des visages hommages à la street culture, revisitant à sa manière un éclatement cubiste du plus bel effet.

Photos d’Elchino Po

À L’Arsenal (Metz), jusqu’au 17 septembre et dans un container de TATA Galerie, sur l’Esplanade jusqu’au 6 août

arsenal-metz.fr

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