Make love, not war

Il y a peu, vendredi 24 octobre, avait lieu la création mondiale d’Un Amour en guerre à Metz, opéra commémorant le centenaire du début de la Première Guerre mondiale.

L’histoire est simple. Comme souvent à l’opéra, elle tient en quelques mots : Jacques et Madeleine s’aiment, mais il est au front pendant qu’elle se languit dans sa mansarde parisienne. Antoine, son voisin boiteux, un “planqué” de l’arrière, tente de séduire une jeune fille désespérée par l’annonce que son grand amour est porté disparu. Mais tout s’achève par un happy end : retour du poilu et embrassades générales pour un chœur final annonçant des lendemains qui chantent, seul instant ou pointe une note d’ironie dans un livret écrit – une première – par Patrick Poivre d’Arvor. En alexandrins… Si ce parti-pris déroute pendant les premières scènes, il se révèle intéressant, tant le spectateur a progressivement le sentiment de glisser dans un chromo colorisé restituant le cliché que l’imaginaire collectif a longtemps véhiculé de cette époque. Entre naïveté, entrain et patriotisme, c’est une carte postale dénuée de tout cynisme (ce qui fait du bien par les temps qui courent) à laquelle il nous est donné d’assister dans une mise en scène signée par PPDA (bis) et Manon Savary, un duo bien rodé qui s’est déjà attaqué à Carmen et Don Giovanni. L’action est restituée dans un aller-retour permanent (et parfaitement huilé et réussi) entre la chambrette parisienne de la belle version Bohème et le champ de bataille qui évoque une case dessinée par Tardi.

La partition de Caroline Glory – jusque là plus connue comme violoncelliste – pourrait être qualifiée d’easy listening : musique néo-tonale, elle est parfois teintée d’influences belcantistes, mais pêche à certains instants par un côté un brin mélodramatique… Mais l’objectif avoué de la compositrice était de s’adresse à tous et « que les spectateurs sortent de la salle avec deux ou trois airs dans la tête et qu’ils les chantent sur le chemin du retour ». Mission accomplie dans ce cas tant, par exemple, le chœur final trotte longtemps dans l’oreille. Au cœur d’une distribution de très belle tenue, Nathalie Manfrino (Madeleine) brille de mille feux : la voix de celle qui fut “Révélation artiste lyrique” aux Victoires de la musique classique (2006) irradie sur tout le plateau, lumineuse et envoûtante, malgré un vibrato parfois dérangeant. Seconde star vocale de la soirée, les Chœurs d’hommes de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole et de l’Opéra national de Lorraine font preuve d’un esprit de corps tout militaire et d’une parfaite musicalité qui est également celle de l’Orchestre national de Lorraine dirigé tambour battant par la baguette du vieux routier qu’est Jacques Blanc qui mène ses troupes avec une immense sérénité.

 

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