Machine dans ma tête

Photo de Sébastien Arico

De la transe tribale des anglais de Melt Yourself Down au lyrisme de l’italien Enrico Pieranunzi, le festival luxembourgeois Like A Jazz Machine a fait de l’exigence sa devise.

Like a jazz machine. C’est littéral, clair pour tout le monde. Ce à quoi le jazz ne parvient plus depuis longtemps. On parle de monstres, dans le vocabulaire du jazz, de musiciens plus que tight. Généralement filmé, le festival a laissé des archives d’anthologie d’artistes sanctifiés dans la fleur de l’âge : Ambrose Akinmusire avait marqué les esprits, avec toute l’originalité de la patte de Justin Brown, son batteur. Pour sa 7e édition, ce sont les fûts un poil plus maturés de leur compatriote Nasheet Waits (en photo) qui raviront les mieux renseignés. Ici, les têtes d’affiches ne sont pas des stars invitées à l’inflation perpétuelle des jauges. À la facilité, les organisateurs luxembourgeois préfèrent le pointillisme, faisant de leur événement une valeur sûre des rendez-vous européens, où les incontournables sont présents. Ce qu’il ne faut jamais cesser de saluer.

La voisine française sera bien représentée avec plusieurs groupes, dont le quartet de Stephan Kerecki. Le contrebassiste avait marqué les esprits il y a quelques années avec un album hommage à la Nouvelle Vague et une Jeanne Added pas encore célébrée sur les scènes pop. Ensemble, ils exploraient les célèbres BO de Godard, Truffaut ou Louis Malle. Pour son nouveau projet, le french quartet, célèbre une fois de plus le haut du sérail français, entretenant une mémoire encore vive en explorant la réussite internationale de la French Touch, mouvement electro né dans les années 1990 sous la houlette d’Air et Daft Punk. Sylvain Rif et, lui, est resté dans le sérail du jazz avec Refocus l’année dernière, un hommage évident au Focus de Stan Getz. Simplicité lyrique, quoique orchestrale, qu’il présentera au festival. Dans un genre plus free, le trio Dadada d’Émile Parisien, Roberto Negro et Michele Rabbia cultive des influences picturales du côté des Constellations de Miró, avec l’énergie que l’on connait du saxophoniste et la recherche du pianiste. Largement loué par la critique, il mérite une attention minutieuse. Du côté des locaux, le festival n’est pas en reste tant le Luxembourg s’attache à promouvoir chaque année ses talents connus ou inconnus. On retient la présence évidente du pianiste Michel Reis, qui s’est fait un nom avec ses trios mais jouera en double quartet au festival, c’est à dire avec deux bassistes, deux batteurs et deux soufflants ! Il devrait démontrer une fois de plus un sens de la mélodie de toutes les circonstances !


Au Centre culturel Opderschmelz (Dudelange), du 10 au 13 mai
jazzmachine.lu
opderschmelz.lu

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