Liste Frank-Olivier Potier (sans étiquette)

Quel bilan pour la culture dans votre ville ?

A Nancy, la programmation est dense, les initiatives sont foisonnantes. La ville dispose de nombreux atouts par son patrimoine architectural, ses équipements reconnus et labélisés, ses MJC et ses autres acteurs associatifs. Mais à y regarder  de plus près, le bilan est mitigé.

Il n’existe pas de stratégie en matière de  création culturelle et artistique au niveau de la Ville ou de l’agglomération. Les financements se concentrent principalement sur le fonctionnement des infrastructures labélisées et sur les chantiers patrimoniaux. Et si la ville soutient financièrement des initiatives privées, elle ne réussit  pas à les faire décoller. Les créateurs évoluent à Nancy sous un plafond de verre.

Au final, la place des créations artistiques (plastiques, spectacles vivants), la valorisation de nos artistes locaux, les nouvelles formes architecturales sont réduites à une portion congrue. Les talents, les envies, les initiatives sont là. Les équipements aussi.

Quels axes de la politique culturelle souhaitez-vous mener en cas de victoire aux municipales ?

Changer d’abord d’état d’esprit. Nancy hérite d’un passé glorieux du Moyen-Âge à l’ « Art Nouveau », lequel a été préservé. Nous devons dépasser le traumatisme urbain des années 60-70, et faire côtoyer et interagir notre Histoire avec les aspirations contemporaines.

Il faut changer d’échelle. Nous devons travailler pour que notre rayonnement territorial touche, a minima, l’ensemble de la Lorraine et la Grande Région.

Place aux artistes locaux ! Nous nous doterons d’une stratégie pour la création culturelle et artistique. Les talents locaux constituent notre identité culturelle. La collectivité doit les chercher, les dénicher, les accompagner, les valoriser. Nancy doit pour eux devenir le creuset de l’éclosion et de l’épanouissement culturel.

Les infrastructures doivent leur ouvrir leurs portes, des lieux temporaires et permanents dans l’espace public leur permettront de s’exprimer. De nouveaux liens de confiance sont à tisser avec la ville. Les résidences d’artistes et les ateliers partagés pourront être réorganisés et animés par des « work-shop » en invitant des artistes reconnus.

La politique cultuelle fera l’objet au moins d’une concertation, au mieux d’un pilotage au niveau du Grand Nancy. Les infrastructures seront invitées à mieux se coordonner pour éviter les redondances et développer des activités croisées.

Pour résumer, nous voulons faire de la culture un levier de créations de richesses. Nous précisons cela dans la dernière question.

Quel serait le projet culturel emblématique de la mandature à venir ?

Contrairement à l’équipe sortante, je ne pense pas que la ville ait à jouer le rôle de donneur d’ordre artistique. Elle doit accompagner la création, tout au plus donner des cadres.

Nous proposons au cours de la période estivale, une manifestation « L’Art investit Nancy ». Cette manifestation annuelle sera la restitution dans le centre-ville et les quartiers, de tout un travail de préparation, y compris de résidence d’artistes, autour d’une figure emblématique. Nous ferons se croiser les disciplines, les regards, les expériences pour attirer l’attention nationale et européenne.

Pour illustrer notre propos sur le changement d’échelle de notre rayonnement culturel, je propose une candidature sur le mode des capitales européennes de la culture : « Nancy- Metz : métropole européenne de la Culture ».

La crise a fait fondre les budgets culturels dévolus par les collectivités territoriales : comment répondre à cet état de fait ?

Nous sommes dans la logique de faire mieux, différemment. Faire des économies passe d’abord par mutualiser les moyens à la bonne échelle. L’exemple le plus marquant est celui de l’opéra national de lorraine. Outil de rayonnement de notre agglomération sont coût de fonctionnement est supporté seule par la ville de Nancy. Pour préserver son financement, je veux transférer la prise en charge de son financement au Grand-Nancy.

Les subventions publiques versées par la ville devront être transparentes et répondre à des objectifs définis.

La question du financement de la culture par le public et le privé est délicate. Le mécénat d’entreprises local se développe. Si la ville peut y recourir, je suis conscient que ces fonds n’iront pas à d’autres projets privés, le mettant ainsi en difficulté. C’est pourquoi il nous faut trouver un équilibre entre  la levée de fonds à l’international, la recherche des fonds dans le cadre de projets européens, l’appel aux entreprises locales, promouvoir et développer les financements participatifs. Tel est notre chantier pour la promotion et le développement des modèles de financement.

Comment la culture peut elle constituer encore un levier de croissance ?

La culture, nous la pensons au carrefour des enjeux de développement économique, d’intégration et d’ouverture sociales, d’aménagement urbain et de cohésion territoriale.

L’accessibilité à la culture passe par des tarifs abordables, mais aussi au travers de la pédagogie sur les créations et les œuvres. Un travail important de muséographie portant sur les collections, sur le patrimoine dans la ville sera réalisé pour les adapter aux jeunes et nouveaux publics.

Il faut décloisonner les acteurs qui participent à la culture. La politique cultuelle fera l’objet d’au moins une concertation, au mieux d’un pilotage au niveau du Grand Nancy. Le but étant de faire de la culture une valeur ajoutée sur l’ensemble des politiques publiques.

Nous voulons réconcilier Culture et Economie. Mieux mailler la culture dans les politiques publiques, notamment en urbanisme, en matière touristique et commerciale. Se doter de quelques événements ou productions qui génèrent un effet masse pour drainer les retombées. Offrir une meilleur visibilité aux productions et créer ainsi de meilleurs débouchées.

La culture doit devenir le quotidien des Nancéiens. Il faut aussi la penser sous la forme d’un volet culturel qui se décline partout. Les aménagements urbains peuvent devenir des créations à part entière, l’identité des quartiers peut être représentée sous la forme d’œuvres d’art temporaires ou permanentes, même s’exposer dans les entreprises locales. Les créations culturelles et artistiques peuvent venir en appui de l’offre commerciale et touristique dans la ville. Il faut renforcer le lien entre les artistes locaux, les événements, les politiques publiques et l’économie locale. Nous voulons plus de croisement entre les décideurs publics, les artistes et les établissements de formation présents sur notre territoire (Beaux-Arts, Condé, Architecture…).

Il nous faut aussi travailler sur des productions type « Formule 1 » qui génèrent une dynamique suffisante, pour attirer et rayonner à l’échelon national et européen. Cet effet masse de plusieurs centaines de milliers de visiteurs, complétera le terreau culturel local. L’animation culturelle du futur Centre des congrès – Jean Prouvé, pourrait le transformer en un “centre Georges Pompidou nancéien”.

Offrir plus de visibilité aux métiers d’arts et leur garantir une plus grande fréquentation : voilà toute l’utilité d’un quartier des métiers des arts décoratifs à Nancy.

Enfin les productions faîtes à Nancy ou même en Lorraine devraient être dimensionnées pour s’exporter au moins dans les régions frontalières. Il nous faut travailler davantage avec le Luxembourg, l’Allemagne, la Belgique, nos trois voisins immédiats, qui constituent pour l’heure des ressources d’échanges inexploitées.

 

 

 

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