Les tribulations d’un ours

© Thierry Laporte

Avec Otto, autobiographie d’un ours en peluche, la compagnie O’navio porte à la scène un des plus célèbres albums jeunesse de Tomi Ungerer. Des rafles de la Gestapo aux USA d’après-guerre, des marionnettes narrent la destinée des enfants du XXe siècle.

C’est l’histoire d’un ours en peluche brinquebalé dans les errements d’un siècle en folie qui traverse une Allemagne où le nazisme est en pleine ascension. Offert à un enfant juif, il connaît toutes les persécutions, puis plonge dans les horreurs de la guerre, les bombardements, la violence, la haine et les cadavres. Au fil des ans, il passe de main en main jusqu’à se retrouver aux États-Unis. Un survivant. Tout couturé, il ressemble à une des ces peluches modèle Teddy Bear dont on ne peut se séparer bien qu’elle soit toute râpée. C’est sa destinée que conte Tomi Ungerer dans un célèbre album dont s’est emparé Alban Coulaud, directeur de la compagnie O’navio (à qui l’on doit l’adaptation, la mise en scène et la scénographie) : « Parler de la guerre aux enfants ne me vient pas d’un goût du morbide, mais de la volonté d’offrir “des outils qui permettent, un tout petit peu, de penser l’impensable plutôt que de le fantasmer” pour reprendre les mots d’ Elzbieta, afin de donner à chacun, adulte ou enfant, la possibilité d’une veille citoyenne sur l’absurdité de notre monde », explique-t-il.

Avec ses marionnettes manipulées à vue par des comédiens (26 au total, toutes confectionnées par Béatrice Courette) et une caméra dont les images sont projetées en direct sur différents éléments d’un décor extraordinairement mobile, Alban Coulaud propose une surprenante « dramaturgie silencieuse ». L’album originel – ses mots et ses dessins – se voit ici, à la fois, profondément respecté et étonnement transfiguré… Reste que le témoin de l’Histoire qu’est Otto se fait également trait d’union entre les hommes (les nations, les religions etc.). Avec toutes ses cicatrices, il incarne les meurtrissures d’un passé récent et devient l’interprète des toutes ces « intimités qui sont bouleversées, détruites, anéanties ». C’est fou ce qu’une simple peluche muette peut nous dire…

À Ostwald, au Point d’eau, mercredi 20 mars
03 88 30 17 17 – www.lepointdeau.com
À Vendenheim, à l’Espace culturel, vendredi 22 mars
03 88 59 45 50  – www.vendenheim.fr
www.onavio.com

vous pourriez aussi aimer