La Mélodie du bonheur

Pour sa 11e édition, Augenblick, festival alsacien du cinéma en langue allemande propose une riche programmation. Zoom sur Superwelt, comédie douce-amère où une caissière de supermarché converse avec Dieu.

On connaissait Karl Markovics comme acteur, notamment dans The Grand Budapest Hotel ou Les Faussaires. Avec son deuxième film, Superwelt, il s’impose comme réalisateur, nous transportant dans une petite ville autrichienne où Gabi Kovanda (impressionnante Ulrike Beimpold) est caissière dans un supermarché. Mariée à Hannes, bon gars à la bouille sympathique et macho en diable, les jours de la quinqua s’écoulent paisiblement dans un cadre pavillonnaire rendu d’une manière très léchée, instillant une légère angoisse comparable à celle ressentie devant les photos de Gregory Crewdson. Un jour, son existence dérape. Imperceptiblement, elle semble plonger dans une folie ordinaire. Les déséquilibres microscopiques se multiplient, regards plongés dans le vide, décalages de plus en plus importants avec le réel… Elle parle seule. Entend des voix. Une voix. Celle de Dieu. Comédie douce-amère, souvent filmée de haut histoire de rendre le propos plus céleste, Superwelt multiplie les références bibliques : le buisson ardent (des thuyas qui brûlent à cause d’un morceau de charbon oublié après un barbecue), le déluge, les tentations de Jésus au désert, la cène (dans une cabine de chantier avec des ouvriers)… Karl Markovics pose avec tendresse la question de la place du bonheur dans nos existences dans un final surprenant où l’on se demande si la félicité est une grâce divine ou s’il est possible de la conquérir au terme d’un parcours initiatique frisant la folie. Chacun est libre d’apporter sa réponse…

Projection en présence du réalisateur Karl Markovics au Bel Air de Mulhouse (22/11 à 18h30) et au Star Saint-Éxupéry de Strasbourg (23/11 à 20h). www.superwelt.at

À côté de la compétition de la 11e édition d’Augenblick, on pourra découvrir une rétrospective dédiée aux Kaninchenfilmen, ces films censurés par la RDA dans les sixties ou encore une sélection d’incontournables sortis en 2015, dont le fantastique et anxiogène Sous-Sols d’Ulrich Seidl. Autres temps forts, les soirées d’ouverture avec Thérapie pour un vampire (10/11, Espace Grün de Cernay), narrant la rencontre de Freud avec Dracula, et de clôture où sera présenté un surprenant ciné-concert de Berlin, symphonie d’une grande ville (27/11, Star Saint-Éxupéry de Strasbourg). Entre rock et dub, Zenzile s’empare de la pépite de 1927 signée Walter Ruttmann.

Dans les trente-sept cinémas indépendants du réseau Alsace cinémas, du 10 au 27 novembre

www.festival-augenblick.fr

 

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