La fleur au fusil

Parmi la floraison de bandes dessinées parlant de la Première Guerre mondiale, la saga signée Corbeyran / Le Roux sobrement intitulée 14-18 promet.

Si Tardi a été le premier – et avec quel talent – à mettre la Grande Guerre à l’honneur en BD, depuis quelques mois les publications sur ce thème se multiplient, centenaire oblige, avec plus ou moins de réussite. Parmi ces orages de papier, remarquons une série qui débute sur un principe simple : raconter la conflit au ras des existences humaines, de ceux qui l’ont vécu qu’ils soient à l’arrière ou au front. Habilement calquée sur la temporalité des combats (dix albums prévus jusqu’en… novembre 2018), cette épopée nous embarque aux côtés de Louis, Nicoles, Arsène, Rose et les autres… Ils sont huit amis trentenaires affectés dans le même régiment d’infanterie et leurs épouses, amoureuses et complices. Ils viennent d’une petite ville française, un bourg comme tant d’autres. Tout débute évidemment en août 1914 : il fait chaud, on part la fleur au fusil, dans deux semaines on sera à Berlin avec nos jolis pantalons garance… C’est le temps des illusions mais aussi des premiers doutes qui viennent avec les premiers morts. Le lecteur s’attache très vite aux personnages, s’apprêtant à suivre leurs destinées croisées mises en mots par l’excellent Éric Corbeyran (créateur de la saga culte Le Chant des Stryges, mais également de l’étonnante série Zodiaque) qui résume ainsi le propos : « Les conditions extrêmes dans lesquelles les soldats ont été plongés exacerbent les passions humaines et permettent d’autopsier tous les travers de l’humanité. » Au dessin, on retrouve Étienne Le Roux (assisté par Loïc Chevallier pour les décors) qui a notamment participé à WW2.2 et à Zodiaque : son réalisme affuté, habile croisement entre l’école franco-belge tendance Jijé et comics américains, fait merveille. On attend le prochain volume, Les Chemins de l’enfer (septembre 1914) avec impatience : parution annoncée le 19 novembre.

Le Petit soldat (août 1914), volume 1 de la série 14-18 est paru chez Delcourt (14,50 €)

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