La couleur de l’art

30 000 visiteurs se donnent dores et déjà rendez-vous à la foire internationale strasbourgeoise ST-ART, manifestation qui cherche à mettre l’art contemporain à portée de toutes les bourses. Exemple avec les multiples édités par Ergastule.

Une centaine de galeries du monde entier – Allemagne, Italie ou Espagne, mais aussi Turquie et Corée du Sud – attendent les amateurs d’art au Parc des expositions strasbourgeois. ST-ART est en évolution constante : cette année, l’équipe a notamment invité une quinzaine de galeries à mettre l’accent sur un artiste jugé trop méconnu. Pour cette opération nommée One-man-show, quelques mètres supplémentaires sont donnés à certains galeristes afin qu’ils présentent le travail d’un plasticien qui mérite d’être particulièrement mis en avant. « Il s’agit d’une sorte de carte blanche offerte à des galeries souhaitent proposer une visibilité à des artistes talentueux, mais commercialement “risqués” », souligne Philippe Meder, directeur de ST-ART. Sont notamment concernées, Radial faisant un focus sur Franck Fischer et ses laques sur aluminium, Xavier Ronse sur les tirages argentiques d’Andrej Pirrwitz, Leizorovici sur Renaud Allirand, peintre et graveur, ou Bertrand Gillig sur Laure André et ses objets poétiques.

Lors de cette édition, plus que jamais, ST-ART démontrera que les créateurs n’ont pas tous la cote de Damien Hirst ou Jeff Koons, que l’art contemporain peut être accessible à tous. Ainsi, de nombreuses œuvres de moins de 1 000 euros seront disponibles dans les galeries et matérialisées grâce à un sticker spécialement conçu. « Beaucoup de gens hésitent », regrette Philippe Meder, ils n’osent pas consulter les prix de travaux qui peuvent s’avérer abordables. Et celui-ci de déplorer un contexte économique morose depuis la crise de 2008. « Les gens regardent à la dépense car ils ne savent pas de quoi l’avenir sera fait. Les galeristes se sont adaptés à la conjoncture, proposant notamment des paiements échelonnés, mais il y a moins d’achats spontanés et d’avantage de retenue. » Philippe Meder se réjouit cependant de la politique de ST-ART, attirant beaucoup d’amateurs séduits par une manifestation qui ne fait pas de « copié-collé » des foires existantes. « Inutile de cloner Bâle ou Paris. Plutôt essayer de rassembler des galeries qui ne cherchent pas qu’à avoir des “noms” et auxquelles on laisse leur chance, par exemple celles de la région et qui n’ont pas forcément les moyens d’aller à la Fiac. »

Le juste prix

Yves Iffrig, directeur artistique, et le comité de sélection de ST-ART ont cette année tendu la main à Ergastule. La structure nancéienne fait régulièrement profiter de son atelier équipé et de son savoir-faire (moulage, formatage, 3D, sérigraphie…) à des créateurs afin d’éditer des séries limitées numérotées et vendues à prix d’ami : de 50 à 400 € maximum pour des tirages de 12 exemplaires en moyenne. Sébastien Gouju, artiste et membre fondateur de l’association : « Depuis sa création, en 2008, nous accueillons des plasticiens en résidence et éditons des multiples produits avec des artistes très différents, parfois reconnus comme Olivier Leroi qui a participé à La Force de l’Art 01 au Grand Palais. Ergastule est basé sur un rapport d’échanges, un principe de mutualisation des outils et des compétences. » Ainsi, pour Ergastule, l’illustrateur Jochen Gerner a fait ses premiers pas dans la troisième dimension en proposant une pièce en céramique, un amusant cendrier / volcan nommé Eyjafjöll, tandis qu’Yves Chaudouët a réalisé Montagne de chevet (une pierre ponce recouverte de peinture phosphorescente), une veilleuse luisant dans la nuit sous forme d’étrange petit ectoplasme. De nombreux créateurs sont régulièrement conviés par la structure pour réaliser des objets artistiques – un inefficace marteau en pâte de verre signé Aurélie Pertusot, une télécommande en faïence émaillée réalisée par Jean-Jacques Dumont – à découvrir lors de ST-ART. « Nous sommes heureux de pouvoir nous mesurer à un marché identifié, de sortir un temps du secteur associatif et d’entrer dans le cadre “professionnel” d’une foire d’art contemporain. Ergastule espère attirer l’attention de collectionneurs, d’amateurs ayant l’habitude d’acheter des œuvres et qui deviendraient attentifs à nos productions annuelles. C’est nouveau pour nous, c’est une étape. »

À Strasbourg, au Parc des expositions, du 21 au 24 novembre (vernissage jeudi 20 sur invitation)

03 88 37 21 26 – www.st-art.com

À voir en parallèle, l’exposition Itinéraire des sens, dans le cadre de la programmation STR’OFF, au Palais des Congrès de Strasbourg  – avec des œuvres de Robert Franck, Gina Plunder, Pierre Kohl, Sébastien Carré, Wonderbabette… – Salle Contades Ouest, les 22 et 23 novembre

www.europartvision.eu

Visuel :

Récit pro cité (2012), multiple de Pascal Brateau, édité à 12 exemplaires par Ergastule (© Morgan Fortems)

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