Serial qui leurrent

Photo de La BaZooKa

La BaZooKa, duo formé par Étienne Cuppens et Sarah Crépin, signe la nouvelle création du Ballet de Lorraine : Kayak (l’action se passe en Suède, c’est-à-dire, nulle part). Vous avez dit absurde ?

Petter Jacobsson, le directeur du CCN – Ballet de Lorraine n’a pas froid aux yeux. Après un début de saison anniversaire sur les chapeaux de roues, il con e le nouveau temps fort de sa troupe aux tru- blions survoltés de La BaZooKa. La compagnie havraise s’inspire de la pataphysique et d’éléments piochés dans la culture pop (costumes, musique) pour créer Kayak. « La base de notre travail est d’arriver au maximum à retomber dans une atmosphère de jeu enfantin, très sérieux mais débridé », confie Sarah Crépin. « Les situations que nous pro- posons aux danseurs visent à retrouver cet état. » Sur scène, des personnages typiques (un leader, un assidu et un boulet) vivent dans la fascination pour le bassiste de Kiss et son maquillage fou. Ils veulent monter un numéro sur le tube pop ultra rythmé d’Adriano Celentano, Prisencolinensinainciusol. Une langue imaginaire n’ayant qu’un seul sens, l’amour universel. Autre attribut de cette tribu dont nous suivons les échecs répétés : des chaussures compensées home made, sortes de tongs montées sur des pull-buoy de natation. Des éléments qui avaient déjà nourri Le Ka. De l’art de la contrainte et de l’absurde ? « Notre idée de départ était d’imaginer The Démon de Kiss tombant amoureux de la boulangère du coin » rigole Étienne Cuppens. « Puis nous avons fait des improvisations en ayant en tête les vidéos de Vince Taylor, icône rock. Nous avons envie d’un délire entre la période rockabilly, la folie du twist et les utopies des années 1970. » Le tout pour le jeune public, en se laissant guider par ce qu’ils auraient aimé voir lorsqu’ils étaient enfants. « Mais ce ne sont que des contraintes dynamiques », s’empresse de préciser Sarah Crépin. « À nous de ne pas les ennuyer, de capter leur attention et la conserver, ce qui nous éloigne nécessairement de toute complaisance ! Nous souhaitons aussi créer un terrain de dialogue possible entre les générations venant au spectacle, qu’elles aient des grilles de lectures possibles différentes, mais convergentes. » Habitué à bousculer la place du public, le duo s’impose cette fois une frontalité classique, tout en ayant « envie que les gens soient libres d’une façon ou d’une autre. À nous de faire pulser ce besoin de liberté qui représente un défi audacieux et excitant. On rêve tous que les spectateurs se lèvent et cassent leurs sièges comme les blousons noirs aux concerts de Vince Taylor » lâchent-ils, taquins. Ainsi vogue La BaZooKa, en eaux troubles, mais les idées claires.

 À l’Opéra national de Lorraine (Nancy), du 21 au 25 février (dès 6 ans)
ballet-de-lorraine.eu
opera-national-lorraine.fr

labazooka.com 

 

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