Je suis un homme

Wim Delvoye, Untitled (Koi), 2006 Collection privée, New York Photo : Studio Wim Delvoye, Belgique, © Adagp, Paris 2016 / Wim Delvoye

Le Mudam fête son dixième anniversaire avec une exposition dédiée à Wim Delvoye et son œuvre protéiforme où se rencontrent bétonneuses gothiques en fer forgé, cochons tatoués ou machines à caca…

Qu’elle soit analysée sous le double prisme de Gilles Deleuze et Félix Guattari par Pierre Sterckx ou conspuée par un Jean Clair, réac’ de génie qu’on a connu plus clairvoyant, l’œuvre de Wim Delvoye fascine. Les dissonances – des oxymores pour Michel Onfray – qui l’irriguent y sont pour beaucoup. C’est autour de ces oppositions (dont la principale est celle existant entre Beaux-Arts et Arts décoratifs) reflétant paradoxalement la cohérence conceptuelle du corpus de l’artiste belge que se déploie cette exposition luxembourgeoise. D’une machine aux lignes épurées, bijou mécanico-chimique reproduisant le fonctionnement de la digestion humaine nommée Cloaca, sort la plus impure des matières : de la merde. Une bétonneuse de fer forgé aligne ses somptueuses dentelles gothiques rassemblant la trivialité d’un chantier de construction et la noblesse aux accents religieux des cathédrales médiévales. Depuis plus de 25 ans, Delvoye crée un cabinet de curiosités contemporain – dont on aperçoit un panorama au Mudam – rassemblant bouteilles de gaz peintes comme des faïences de Delft, vitraux représentant des corps humains vus aux Rayons X, porcs tatoués (prouvant que l’art c’est du cochon), étranges cartes pour atlas imaginaires ou encore poétiques empreintes d’anus faites avec du rouge à lèvres… Kitsch ? Il l’assume ! Provocateur ? Aussi, définissant comme élément structurant de son travail, dans nos colonnes, en 2007, « simplement le fait… d’être un garçon. On apprend trop à être gêné d’être un homme ; on nous a tellement ressassé que nos grands-pères étaient des machos nuls et insupportables… Maintenant, règne une belle culpabilité collective. C’est tout particulièrement vrai chez les gens “éduqués”, ceux qui ont des liasses de diplômes. » Avec ces camions immenses, ses états imaginaires, ses machines complexes, il affirme sa masculinité dans une grille de lecture inédite pour son œuvre. Une de plus…

Au Mudam (Luxembourg), jusqu’au 8 janvier 2017
www.mudam.lu
SUPER CLOACA ReLOADED au cours d’un superbrunch avec Wim Delvoye et le commissaire de l’exposition Enrico Lunghi (13/11, 12h) dans le cadre de la Luxembourg Art Week (09-13/11)  
www.luxembourgartweek.lu
www.wimdelvoye.be

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