Je ne suis pas un héros

Les super-héros : un domaine réservé aux Américains ? Sûrement pas… Depuis les seventies – et Superdupont – quelques personnages made in France ont émergé. Parmi eux, les récents et réussis Mégabras et Cycloman qui montrent qu’il n’est pas si facile de vivre dans la peau de Superman.

Devenu complètement introuvable Cycloman (originellement paru en 2002) se voit – enfin – réédité muni d’une nouvelle couverture. Et le charme puissant de la BD de Charles Berberian (textes) Grégory Mardon (dessins) opère avec la même puissance qu’il y a dix ans. L’histoire ? Celle d’un étudiant à la recherche d’un costume pour une soirée déguisée : il débarque dans un magasin spécialisé où le vendeur lui fourgue une armure qui n’est pas sans évoquer celle d’Iron Man, le prévenant bien de ne pas appuyer sur un gros bouton posé au beau milieu du torse de métal. On se doute de ce qui va se passer ! Voilà notre héros prisonnier d’un costume surpuissant qu’il apprivoise petit à petit pour lutter contre une créature de l’apocalypse géante qui tient autant d’un monstre des enfers velu que de Galactus himself… mais les problématiques de l’album sont multiples et touchent aussi la vie de tous les jours. Comment en effet uriner lorsqu’on est prisonnier d’une armure ? Comment sortir dans la rue sans que les gens vous dévisagent bêtement ? Entre quotidien et épopée, l’histoire est amusante et détourne les codes des comics Marvel avec brio grâce à une habile mise en abyme, mais chut n’en disons pas plus !

Autre type de super-héros avec le mutant Mégabras… Un beau matin, un quidam lambda – avatar à peine déguisé de l’auteur de l’album, Guillaume Bouzard – se réveille avec un surprenant super-pouvoir. Lorsque quelque chose ou quelqu’un l’énerve puissamment, son bras droit devient énorme, ses muscles sont font ultra puissants et cet appendice monstrueux devient une arme redoutable qu’il utilise pour exploser la source de son exaspération. Certes ce Mégabras est un brin ridicule puisqu’on a le sentiment que le bras de Hulk a été greffé sur un gringalet, mais ses aventures sont drolatiques. Une fois énervé, il jure en effet comme un charretier, noyant son adversaire sous un roboratif torrent d’insultes. Le voilà parti pour défendre le veuve et l’orphelin, mais pour cela il faut trouver un costume et un acolyte (Batman a bien son Robin). Pas facile la vie de super-héros dans la province profonde… Le lecteur, lui, s’amuse franchement des aventures burlesques d’un Mégabras pataud à souhait. Dans cette avalanche de gags, on croise évidemment quelques super-vilains, comme l’inénarrable Aspic du Marais poitevin ou le serial-sodomite SuperGlinglin. Entre non-sens et humour au premier degré, c’est un vrai régal…

Cycloman est paru chez Cornelius (17,50 €) www.cornelius.fr

Mégabras est paru chez Fluide glacial (14 €) www.fluideglacial.com

 

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