Forever young

© Tiphaine Leclerc

Dans le cadre des Ondes messines, hommage à La Monte Young, compositeur (né en 1935) auquel on doit la musique drone faite de bourdonnements. Étienne Jaumet lui offre un Tribute : entretien avec un Zombie Zombie adepte de tonalités continues.

Est-ce que, comme les artistes de Fluxus que La Monte Young fréquenta, vous considérez que l’art et le vie se mêlent pour ne former qu’une unique chose ?
La Monte Young et sa femme vivent effectivement avec ce mode vie. Je pense pour ma part que ma manière de vivre déteint beaucoup sur ma façon de faire de la musique. J’ai un caractère assez calme et m’implique intensément dans ce que je fais, mais ma vie au quotidien n’a rien d’artistique… et je ne passe pas mon temps à écouter de la drone music !

Quelle influence a ce musicien américain sur votre art ?
Il a un rôle émancipateur : il a bousculé les frontières de ma perception et m’a montré que la musique pouvait se rapprocher des arts plastiques. La Monte Young a bâti des ponts entre les musiques contemporaines, indiennes et populaires. Je ne sais pas s’il m’a influencé car sa radicalité est difficile de la dépasser, mais il m’a éclairé.

© Johannes Buff

On connaît votre passion pour le saxo et l’anatomie des synthétiseurs, moins pour le précurseur de la musique drone… Comment avez-vous conçu votre Tribute en compagnie de Sonic Boom du mythique groupe Spacemen 3 ?

Au départ, je voulais faire des reprises des compositions de cet artiste qui utilise les synthétiseurs et joue du saxophone, comme moi ! Il s’est avéré que c’était impossible sans son parrainage et que c’est très compliqué… J’ai alors cherché à aller vers quelque-chose de plus léger afin de rendre sa musique plus accessible. J’ai demandé à Sonic Boom de participer à ce projet, car il avait, avec son groupe Spacemen 3, sorti un disque nommé Dreamweapon, avec un hommage à La Monte Young. Sonic Boom joue du synthé et s’intéresse beaucoup aux ambiances planantes et psychédéliques. Certaines compositions de La Monte Young convient la musique indienne classique : j’ai ainsi proposé à Céline Wadier, chanteuse de Dhrupad (chant indien, NDLR), de nous accompagner. Au départ, nous avons pris pour base trois de ses titres, puis y avons rapidement associé nos propres idées afin de nous les approprier. Il s’agit d’une interprétation personnelle de sa musique, donnant envie à l’auditeur d’explorer ses recherches musicales.


La Monte Young Tribute (conférence à 19h et concert à 20h), au Centre Pompidou-Metz, dans le cadre d’Ondes messines, du 28 juin au 1er juillet à Metz (avec EZ3kiel & l’Orchestre national de Lorraine, Clément Bazin, Vialic…)

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