For ever mozart

Maquettes décors

Avant d’être un film de Miloš Forman, Amadeus est une pièce de Peter Shaffer que Paul-Émile Fourny nous fait (re)découvrir. Entretien avec le directeur de l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans une pièce narrant la rivalité artistique entre Mozart et Salieri ?
J’aime cette rencontre entre deux mondes musicaux : Salieri, personnage éminent à la Cour de Joseph II, voit en 1781 l’irruption d’un trublion qui va tout révolutionner. La confrontation fera des étincelles ! L’écrin qu’est la salle à l’italienne de Metz, inaugurée peu de temps avant la naissance de Mozart est le cadre idéal pour donner cette œuvre !

Symboliquement, vous avez choisi d’installer l’action dans un décor où d’immenses partitions s’enroulent, ressemblant au pavillon d’une oreille…
L’écriture manuscrite de Mozart est omniprésente sur scène, montrant que sa musique – à l’image de son personnage – est écrasante. Elle poursuit Salieri de manière obsessionnelle. Le compositeur est envieux, mais admiratif du talent de son cadet. Il pense constamment à lui, même après la mort de l’auteur de Don Giovanni, souffrant de ne pas avoir son génie.

Dans quelle temporalité avez-vous installé les costumes ?

Nous sommes restés fidèles à l’époque. Au fil de l’action, Mozart sera vêtu de quatre costumes, symbolisant les quatre saisons de l’existence d’un homme bousillé par son père dès l’enfance, lui qui promenait son fils dans toute l’Europe comme un phénomène de foire. Nous partons du printemps – son ascension fulgurante – pour terminer en hiver, avec la solitude de la fin de sa vie.

Quelle est la place de la religion dans la pièce ?

Salieri est persuadé d’avoir signé un pacte avec Dieu, grâce auquel il a été reconnu comme premier compositeur à la cour. Du coup, il a vécu une vie relativement austère, comme s’il était entré dans les ordres. Quand le jeune Wolfgang déboule, il imagine que Dieu, qui jusque-là le protégeait, a choisi un autre poulain. La guerre qu’il mène contre le compositeur et sa personnalité fracassante, exubérante, voire énervante, c’est un règlement de compte avec Dieu lui-même.

À côté des acteurs, une violoncelliste sera présente sur scène…

La pièce est ponctuée par la musique, créant un univers sonore mozartien : j’ai choisi le violoncelle car c’est l’instrument qui, par sa tessiture, se rapproche le plus de la voix humaine.


À l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, du 4 au 7 octobre
opera.metzmetropole.fr

Au Théâtre de la Manufacture (Nancy), du 9 au 12 octobre
theatre-manufacture.fr

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