Empire State of Mind

Photo de répétitions de Marthe Lemelle

Dans sa nouvelle création, Rémy Barché s’attaque de nouveau à Martin Crimp. Le Traitement, une bataille pour être l’auteur de sa propre vie.

Ce polar noir, fascinant et mystérieux, montre des individus broyés par l’industrie du cinéma et l’air du temps…
Dans ce polar sombre, les personnages sont très marqués : il y a les bons et les mauvais, ce qui est assez marrant et rempli d’un humour ajoutant de la complexité. L’atmosphère y est prépondérante, l’ambiance ayant autant d’impact que l’histoire. On y suit le traitement d’Anne, une fille qui a vécu enfermée par son compagnon qui voulait en conserver la pureté. Elle se fait piller sa vie par des producteurs new-yorkais en mal de réalisme. Martin Crimp écrit ce texte au début des années 1990 et anticipe l’avènement de la télé-réalité : ces gens se servant sans vergogne de la fragilité des autres. Le couple de producteurs a une vie totalement artificielle et veut sincèrement se rapprocher de la réalité. Mais il est incapable de voir la vérité en face dans cette histoire. Il va boucher les trous à sa convenance. S’ils se disent obsédés par le réel, ils ne font que le scénariser à leurs propres fins.

La ville de New York est plus que l’arrière-plan de cette pièce, mais quasi- ment son centre : comment en rendre compte au plateau ?
Cette grande ville est comme un labyrinthe où cette jeune femme vulnérable se perd, un monde à explorer comme son intériorité. Sur scène, nous menons un travail vidéo important qui sera l’élément central du décor. Un écran à LED de huit mètres par trois rappelle les façades publicitaires animées de la ville. La pièce est très cinématographique, nous faisons donc des emprunts à de vieux films, des documentaires, de quoi voyager dans New York dans un enchaînement de scènes fragmentées se passant en haut d’un building, dans une rue paumée puis à Central Park…

Photo de répétitions de Marthe Lemelle

Cela vous rappelle la trilogie new-yorkaise de Paul Auster ?
Surtout ses personnages errant dans la ville, se perdant en eux de manière métaphysique avec, comme Crimp, un amour de l’absurde de Beckett. Je pense aussi beaucoup aux films de Jarmusch ou ceux de Joshua et Ben Safdie filmant les junkies et paumés dans le milieu underground. Nous y piochons les couleurs et l’ambiance.

Tout le monde se laisse corrompre dans cette histoire…
La pièce parle beaucoup d’amour, d’ailleurs je place Messager de l’amour, court monologue de Crimp en préambule de Le Traitement. C’est aussi une histoire de séquestration par un homme plus âgé. Ce n’est pas le fait divers qui l’intéresse mais l’attrait pour l’atteinte de la pureté des sentiments et la peur de la violence du monde extérieur. Cela pose une question : faut-il aller à la rencontre du monde ?

Le Traitement, à La Comédie de Reims, du 26 janvier au 2 février
lacomediedereims.fr
Au Théâtre des Abbesses (Paris), du 8 au 23 février
theatredelaville-paris.com
Au Théâtre Dijon Bourgogne, du 27 février au 3 mars
tdb-cdn.com 

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