Électrochocs baroques

© Sandrine Expilly / Naïve

Albinoni, Haendel, Porpora ou Torelli : la soprano Sandrine Piau et le Kammerorchester Basel proposent un étincelant voyage instrumental et vocal aux accents italiens sur les ailes de la musique baroque.

Elle est une des interprètes les plus discrètes de la scène internationale au point d’avoir été surnommée… “l’antidiva” par certains. À près de cinquante ans, Sandrine Piau, récompensée par une Victoire de la Musique en 2009 (dans la catégorie Artiste lyrique de l’année) est pourtant une de nos plus précieuses chanteuses. À l’aise dans bien des répertoires, du Lied allemand à la mélodie française, elle est néanmoins aujourd’hui considérée, à juste titre, comme une spécialiste du baroque, un univers qu’elle a rencontré alors qu’elle étudiait encore… la harpe. Le responsable de ce changement de cap se nomme William Christie, fondateur des Arts florissants et figure majeure de la redécouverte de Lully et consorts au cours de la seconde moitié du XXe siècle. Virtuosité pyrotechnique et naturel confondant se mêlent pour des interprétations de référence au disque et sur scène : il y a quelques mois, elle fut, par exemple bouleversante dans le rôle-titre d’Alcina de Haendel à La Monnaie de Bruxelles sous la baguette de Christophe Rousset, ciselant une interprétation toute en exigence, en ductilité et en subtilité.

Sous l’intitulé Gioia & dolore, elle participe à une tournée avec le Kammerorchester Basel. Si la précision et la musicalité de la formation de chambre helvète ne sont plus à démontrer, force est de constater qu’elles se manifestent avec un éclat tout particulier dans les pages baroques et classiques. On le découvrira dans des pièces instrumentales de Giuseppe Torelli ou Tomaso Albinoni, compositeur bien plus intéressant que la caricature qu’on fait toujours de lui avec un Adagio, séduisant mais usé jusqu’à la corde… qu’il n’a même pas écrit ! Le cœur du programme est fait d’airs d’opéras exprimant une vaste palette de sentiments : violente colère, extase amoureuse, noir désespoir… L’occasion est belle de partir explorer les contours du dramma per musica avec des extraits d’œuvres rares comme Partenope de Domenico Sarro narrant l’histoire légendaire de la fondation de Naples ou Eraclea d’Albinoni et de véritables standards du XVIIIe siècle au nombre desquels figure désormais Alcina de Haendel.

À Saint-Louis, à La Coupole, samedi 11 avril
03 89 70 03 13 – www.lacoupole.fr
À Guebwiller, aux Dominicains de Haute-Alsace, vendredi 24 avril
03 89 62 21 82 – www.les-dominicains.com
À Bâle, en la Martinskirche, mercredi 20 mai
+41 (0)61 273 73 73 – www.kammerorchesterbasel.ch

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